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Après les troubles, un calme précaire règne à Dakar

Robert Adé
7 juin 2023

La peur au ventre, les habitants des Parcelles Assainies reprennent timidement leurs activités. Les traces des récentes violences sont encore bien visibles.

Des Dakarois passent devant une voiture calcinée
Suite aux manifestations début juin, les voitures calcinées ne sont pas rares dans les rues de DakarImage : John Wessels/AFP

Lentement, la vie reprend son cours aux Parcelles Assainies. Mais mardi (6.06.2023) encore, les écoles, certains commerces et des banques sont restées fermées par précaution ou le temps de réparer les dégâts subis durant les affrontements de la semaine dernière. Ces derniers ont opposé les forces de l'ordre aux partisans d'Ousmane Sonko, le principal opposant du président Macky Sall

"Aujourd'hui, le calme est revenu parce que les populations savent que Sonko n'est pas jeté en prison", estime un habitant interrogé par la DW. Mais la tension est toujours latente. 

Craintes de réactions xénophobes

"Les activités ont repris mais on a tellement peur" (Khadidja)

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Khadidja gère elle un petit restaurant mobile, non loin d'un arrêt de Bus Rapid Transit en construction. Le chantier a été saccagé par des manifestants. Avec la récente déclaration du ministre sénégalais du Tourisme concernant la possible présence de forces étrangères sur le territoire national, elle craint des réactions xénophobes"Les activités ont repris mais on a tellement peur. On a trop peur, surtout nous les étrangers. C'est vraiment un peu compliqué pour nous. Mais on gère."

"Il n'y a plus de démocratie ici !"

A quelques encablures de Case-Ba, dans l'une des vingt-six unités des Parcelles Assainies, nous rencontrons Absa, 63 ans, propriétaire depuis 1995. Sur son visage noir, sans rides, coulent encore des larmes de tristesse. Pour elle, rien ne vaut la liberté d'expression : 

"Si j'étais jeune, j'allais manifester pour mon pays, pour la démocratie. Il n'y a plus de démocratie ici. On n'a pas le droit de parler. Tout le monde a peur. Maintenant que tu me demandes de parler, si je parle, j'ai peur qu'après, on vienne m'arrêter. Je demande à Macky Sall de revenir au calme, de laisser Sonko tranquillement entre nous. Nous tous sommes en train de pleurer, tous les jours, à cause de là où on a enfermé Sonko. Qu'il le laisse. Que tout le monde participe aux élections : Ousmane Sonko, Karim Wade, Khalifa Sall. Qu'il les laisse participer."

A l'étranger aussi, comme ici à Paris, la diaspora sénégalaise donne de la voix Image : Prezat Denis/Avenir Pictures/abaca/picture alliance

La commune des Parcelles Assainies a vécu des heures chaudes et meurtrières après la condamnation du leader du Pastef, Ousmane Sonko, à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse.

Parmi les 16 morts officiellement enregistrés à Dakar et Ziguinchor, et déclarés par le ministre de l'Intérieur, les habitants des Parcelles Assainies déplorent au moins un de leurs fils tué par balle.

 

Robert Adé Correspondant au Sénégal pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais