Et si Donald Trump gagnait la présidentielle américaine ?
22 octobre 2024C'est le 5 novembre : la date de la présidentielle américaine approche. Parmi les deux candidats donnés favoris, celui du parti républicain n'est autre que Donald Trump, qui a déjà assumé ces fonctions à la tête de l'Etat.
Mais à quoi ressemblerait la politique des Etats-Unis vis-à-vis du continent africain, en cas de réélection de Donald Trump en 2024 ? Moins de coopération, une politique migratoire plus sévère, moins d'efforts en faveur du climat ? Nous vous proposons un tour d'horizon des réponses obtenues auprès de spécialistes en Afrique, qui, vous allez le constater, ne sont pas tous pessimistes.
Un danger ou un moraliste ?
Dans les rues d'Accra, les passants ont des points de vue différents sur Donald Trump.
Abigail Grift, une étudiante, se souvient des tentatives de destitution qui ont visé Donald Trump, accusé par deux fois d'abus de pouvoir devant des tribunaux américains.
Les deux procédures se sont soldées par un non-lieu, mais l'étudiante reproche à l'ancien président l'assaut du Capitole, en 2021, pour empêcher la passation de pouvoir démocratique à Joe Biden.
"C'est pour ça que son retour aux affaires ne serait une bonne nouvelle ni pour les Etats-Unis ni pour l'Afrique", conclue-t-elle.
Samuel Ofoso ne partage pas son avis et déclare : "Je ne pense pas que ce soit bon pour l‘Afrique". Lui, il espère au contraire que Donald Trump sera réélu "pour sa vision pour l'Afrique" : Samuel Ofoso ne soutient pas la politique des démocrates qui vise à inclure, notamment, la promotion des droits des personnes homosexuelles, bisexuelles, queer ou transgenres, y compris dans la politique de coopération.
L'inquiétude face au mépris
Au contraire, Etse Sikandu s'inquiète d'un possible retour de Donald Trump au pouvoir. Cet enseignant à l'Université UniMac, au Ghana, estime que l'ancien président ne respecte pas assez l'Afrique.
Il rappelle ses déclarations insultantes sur les "pays de merde", en 2018, des pays dont Donald Trump ne voulait plus accueillir les ressortissants aux Etats-Unis : "C'est quelqu'un qui croit avant tout à l'isolationnisme. Il regarde d'abord vers l'intérieur et ne mise pas sur le multilatéralisme."
Le même cap pour les mêmes intérêts
Pour le politologue sud-africain Daniel Silke, les Etats-Unis devront toujours faire face à l'essor de la Chine, de la Russie et d'autres puissances économiques, après la présidentielle.
Alors, ils n'auront pas d'autre choix que la continuité géostratégique, quel que soit le vainqueur du scrutin et quelle que soit la rhétorique du candidat Donald Trump sur l' "America first" .
"Les Etats-Unis ont un statut particulier, constate-t-il. C'est une grande puissance et l'accord de l'Agoa (African Growth and Opportunity Act) garantit toujours des débouchés considérables pour le commerce en provenance d'Afrique vers le marché nord-américain. Du point de vue de la sécurité, les Etats-Unis constituent un soutien de choix pour de nombreux pays d'Afrique dans leur lutte contre les insurrections et d'autres types de groupes, comme les groupes islamistes."
Daniel Silke souligne également que l'industrie américaine continuera d'avoir des intérêts économiques en Afrique - dans le secteur minier notamment.
Gare au climat !
Quant à Charles Martin-Shields, du groupe de réflexion Idos à Bonn, il pense qu'en cas de victoire, Donald Trump s'intéressera davantage à la politique intérieure américaine qu'à l'Afrique : à la protection de la frontière avec le Mexique et à la lutte contre l'immigration.
Autre point important selon ce chercheur américain : le réchauffement climatique, que Donald Trump n'entend pas prendre en compte dans sa politique. A la Maison blanche, il avait d'ailleurs sorti les Etats-Unis des Accords de Paris.
Dès lors, Charles Martin-Shields estime que la réélection de Donald Trump représenterait un recul par rapport à la présidence de Joe Biden sur le climat. Et que cela aurait des "conséquences sérieuses sur les Etats africains", premières victimes du réchauffement climatique.