Le SDF pas favorable à l'enquête demandée par l'ONU
19 février 2020L’ONU parle d’un bilan de 23 villageois dont 15 enfants tués dans la localité de Ngarbuh, au nord-ouest du pays, tandis que le gouvernement camerounais ne reconnait que cinq victimes.
Le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, a laissé entendre qu’une enquête a été ouverte lundi (17.02.20) pour clarifier ce que Yaoundé qualifie "d’incident malheureux".
Pour les autorités camerounaises, il n’est pas question que cette enquête demandée par les Nations unies ait lieu.
Solution politique
Le Social democratic front (SDF), un parti d’opposition au Cameroun, n’est pas favorable à une enquête indépendante sur cette tuerie. Selon Joshua Osi, vice-président de ce parti bien implanté dans la zone anglophone, cette enquête demandée par l'ONU n’aboutira à rien :
"Le gouvernement camerounais fait partie de l’Onu. On ne s’attend pas à grand-chose de l’Onu qui regarde comment le Cameroun se déchire depuis quatre ans sans apporter un début de solution. La solution n’est pas violente, la solution ne peut que venir d’un point de vue politique."
Le SDF attend plutôt un accompagnement des Nations unies. Pour sa part, l'armée voit dans cette demande des Nations unies une tentative de déstabilisation.
Pointée du doigt après cette tuerie, celle-ci s’oppose à toute enquête indépendante. Le porte-parole de l’armée camerounaise, le colonel Cyrille Atonfack compte plutôt sur l’enquête ouverte par Yaoundé :
"Le Cameroun n’est pas un Etat failli pour que des missions viennent enquêter sur le terrain. Enquêter pourquoi ? L’Etat du Cameroun est un Etat crédible, capable de mener des enquêtes et de partager avec la communauté internationale ce qui s’est passé."
Paul Biya interpellé
Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) s’en remet au chef de l’Etat Paul Biya pour une "enquête mixte et indépendante".
"Que son gouvernement reste dans le déni parce que chacun veut préserver son petit pouvoir, c’est leur problème. Mais lui qui a prêté serment pour nous protéger, il ne peut pas laisser des individus qui, pour leurs propres intérêts, ne veulent pas que les Camerounais soient protégés et que les Camerounais vivent dans la paix."
Les Etats-Unis ont aussi demandé, via leur secrétaire d’Etat aux affaires africaines, Tibor Nagy, une enquête indépendante.
Les populations dans la zone anglophone sont les premières victimes d’une guerre civile qui a débuté fin 2016 dans les régions anglophones du pays.
Selon Human Rights Watch (HRW), plus de 3.000 personnes sont mortes depuis le début de cette crise.