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Tunisie : « du pain, de la liberté et de l'emploi »

10 janvier 2011

Week-end sanglant en Tunisie : au moins 14 personnes ont été tuées samedi et dimanche au cours de manifestations contre la vie chère. Depuis quelques jours, le pays fait face à un mouvement social sans précédent.

Une manifestation à Tunis, samedi 8 janvierImage : dapd

A l’origine de cette vague de révolte, le suicide le 17 décembre dernier, d'un jeune vendeur ambulant qui s'était immolé par le feu à Sidi Bouzid, une région au cœur de la Tunisie. Depuis la mort de Mohamed Bouazizi, des manifestations ont lieu tous les jours dans plusieurs villes pour dénoncer la cherté de la vie et réclamer surtout la création d’emplois. Hayssan Menna, porte-parole de la Commission arabe des droits de l’Homme, a pu constater les difficultés auxquelles doit faire face la population :

Sur cette affiche, un appel à la libération de manifestants emprisonnésImage : dapd

« Mohamed Bouazizi, il était au chômage depuis six ans. Les gens qui sont tombés, il y a parmi eux des gens que j'ai rencontrés il y a dix ans. Ils cherchaient un emploi depuis dix ans. Ce sont des jeunes en sursis, parce que, à l'âge où ils devaient entrer dans la vie professionnelle, ils n'avaient pas de travail. Les chômeurs crient aujourd'hui : nous voulons du pain et de la liberté et de l'emploi. »

Appel à la communauté internationale

Ce week-end, la tension est montée d’un cran à Thala, dans le centre-ouest du pays où, selon des témoins, la police a ouvert le feu sur des manifestants, faisant plusieurs morts. Situation identique dans la ville de Kasserine, où les forces de l’ordre auraient également ouvert le feu dimanche. Au total, on dénombre officiellement 14 morts, une vingtaine selon l’opposition et les syndicats. La réaction d'Hayssan Menna :

Le président Ben Ali est au pouvoir depuis 1987Image : AP

« Nous sommes devant un mouvement social, mais un mouvement social civil et pacifique. Et c'est très important d'insister là-dessus, parce que, le dictateur a toujours joué sur une carte : l'alternative c'est l'islamisme, l'alternative c'est la violence... Maintenant, la violence est policière, ce n'est pas celle de la rue. »

Les autorités tunisiennes assurent que la police n'utilise la force qu'en cas de nécessité, pour empêcher les protestataires de mettre des vies en danger ou de saccager des bâtiments gouvernementaux. Les syndicats se sont réunis lundi et en appellent la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement du président Zine el-Abidine Ben Ali pour que cesse cette « répression sanglante ».

Auteur : Georges Ibrahim Tounkara
Edition : Marie-Ange Pioerron, Sébastien Martineau 

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