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Osman Kavala, l'une des bêtes noires d'Ankara

25 octobre 2021

Ankara reproche à des diplomates occidentaux de s’être mobilisés en faveur d' Osman Kavala, actuellement incarcéré. Qui est-il et pourquoi cette affaire irrite la Turquie?

L'opposant Osman Kavala devant la justice à Istanbul.
L'opposant Osman Kavala devant la justice à Istanbul.Image : ANKA

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a renoncé ce lundi 25 octobre à expulser les 10 ambassadeurs occidentaux dont il avait ordonné le départ. Il évite ainsi à son pays de se trouver diplomatiquement isolé et économiquement affaibli.
      Les 10 ambassadeurs - Etats-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède - s'étaient mobilisés en faveur du mécène et homme d'affaires Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans avoir été jugé.

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Mécène et opposant

Présenté comme un homme d'affaires et un mécène, Osman Kavala, 64 ans, est aussi considéré comme l'une des bêtes noires du pouvoir en Turquie. 
Il a en effet soutenu en 2013 les mouvements protestataires du parc Gezi. En 2015, il a aussi participé aux commémorations du Centenaire du génocide arménien à Istanbul. 
Enfin, en 2017 il a appelé au boycott du référendum constitutionnel sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.  
Des actions qui ont poussé les détracteurs d’Osman Kavala à le qualifier de " Soros rouge ". Un qualificatif repris récemment par Recep Tayyip Erdogan.
" Du matin au soir, ils n’arrêtent pas de répéter : Kavala, Kavala, Kavala, Kavala… Mais celui dont vous parlez, ce Kavala, est la représentation turque de Soros " ainsi s'est exprimé le président turc qui fait référence à Georges Soros, le milliardaire et philanthrope américain d’origine hongroise qui s’oppose au Premier ministre populiste Viktor Orban.

Recep Tayyip Erdogan lors d'un meeting le 23 octobre 2021.Image : Murat Cetinmuhurdar/Turkish Presidency/AA/picture alliance

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Osman Kavala est accusé de soutenir le terrorisme, en l'occurrence d’avoir financé l’organisation kurde PKK et fréquenté le mouvement Gülen.
Arrêté depuis 2017, celui-ci a été accusé de "tentative de renverser le gouvernement" au cours de la révolte du Parc Gezi mais il a été acquitté par un tribunal d’Istanbul qui a estimé les preuves insuffisantes. 
En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l’homme avait réclamé sa libération. C’est donc en demandant un " règlement juste et rapide " de cette affaire que les diplomates occidentaux ont irrité Recep Tayyip Erdogan.

La question du maintien au pouvoir d'Erdogan

Sur la radio allemande Deutschlandfunk, le politicien allemand Jürgen Hardt de la CDU estime que toute cette affaire tourne autour d’une question principale.
" Tout tourne autour de la question du maintien au pouvoir d'Erdogan en Turquie. C'est le sujet dominant pour Erdogan lui-même depuis des années, au moins depuis la tentative de coup d'Etat : comment puis-je rester au pouvoir ? A cette fin, il utilise tous les instruments et risque l'avenir de la Turquie et les bonnes relations de la Turquie. De plus en plus de politiciens turcs de son propre parti, à mon avis, le voient ainsi. "
En septembre, le Conseil de l'Europe a menacé la Turquie de mesures disciplinaires, citant l'arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme, si elle ne libère pas Osman Kavala d'ici la fin novembre. 
Ce dernier qui a toujours nié les accusations portées contre lui, devrait comparaître de nouveau le 26 novembre.

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