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CatastropheTurquie

L'aide à la Turquie s'organise en Allemagne

Sandrine Blanchard | Peter Hille
8 février 2023

Le séisme à la frontière entre Syrie et Turquie trouve un écho particulier en Allemagne. L'aide, publique et privée, prend forme, en direction des sinistrés.

A Hatay, le 8 février 2023, quatre personnes regardent des décombres après le séisme
Le bilan des victimes du séisme ne cesse de s'alourdirImage : Alican Uludag/DW

L'ambassadeur turc en Allemagne appelle à une aide plus importante aux sinistrés du séisme qui s'est produit entre la Turquie et la Syrie.

Le bilan des victimes continue de s'alourdir. Les opérations de sauvetage se poursuivent dans les décombres. Les autorités ont déjà dénombré plus de 8.700 morts, dont plus de 7.000 rien qu'en Turquie. Alors cette catastrophe émeut tout particulièrement en Allemagne, où les ressortissants turcs ou leurs descendants sont nombreux. Et ici aussi, l'aide aux sinistrés s'organise.

A Berlin, des femmes collectent des paquets pour les sinistrésImage : Markus Schreiber/AP Photo/picture alliance

Des camions pleins

Yasin Kesginlikimiloglu a chargé des camions jusqu'à trois heures du matin : avec des centaines d'autres bénévoles, ils ont rempli les véhicules avec des cartons contenant des vêtements chauds, des couvertures, de la nourriture pour bébé.

"Les nouvelles de la catastrophe circulent très vite dans les groupes WhatsApp, raconte Yasin. Chacun d'entre nous fourre des affaires qu'il a chez lui dans sa voiture et les apporte aux points de collecte, où des camions attendent de partir."

Cet ingénieur âgé de 38 ans vit près de Stuttgart, dans le sud de l'Allemagne. Mais ces jours-ci, sa tête est en Turquie, auprès des sinistrés. Ces gens ont dû quitter au plus vite leur maison, avant de possibles répliques du séisme, sans rien pouvoir emporter avec eux.

Selon Yasin, huit camions seraient déjà partis pleins de Stuttgart, en direction de la Turquie. La plupart des transporteurs sont prêts à parcourir ces 4.000 kilomètres gratuitement : souvent, ils font de toute façon le voyage à vide dans ce sens-là.

Yasin est originaire de Turquie mais il ne connaît personne dans la zone touchée.

Des milliers de personnes sont en détresse après la destruction de leur habitationImage : Cem Fakir/DW

En revanche, Gökay Sofuoğlu, le président de la communauté turque d'Allemagne, a eu peur pour ses proches.

Au-delà de l’urgence, il tente d’organiser une aide sur le long terme, en mettant en place des parrainages ou des aides à la création d’entreprises pour les sinistrés de Kahramanmaraş. "On sait bien que ces gens seront oubliés au bout de deux ou trois jours, déclare-t-il, réaliste Mais la détresse, elle, restera et ces personnes seront toujours en train de lutter pour survivre."

Aide du gouvernement

Le chancelier allemand a promis mardi [07.02.2023] au président turc Erdogan "un soutien accru pour surmonter ce malheur". Dès lundi, 20 tonnes de matériel ont déjà été affrétées par des forces spéciales en Turquie et une cinquantaine d'agents de l'Agence fédérale de secours technique (THW) ont été dépêchés sur place.

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, réclame l'ouverture de tous les points de passage aux frontières avec la Syrie pour acheminer l'aide.

"A chaque fois qu'il y a une catastrophe dans le monde, l'Allemagne apporte son aide", se félicite le député allemand Hakan Demir (SPD) de ces manifestations de solidarité au niveau de l'Etat.

Le responsable du bureau de Caritas, le Secours catholique allemand, dans l'est de la Turquie, devait s'entretenir aujourd'hui avec des autorités locales pour obtenir l'autorisation formelle de distribuer des couvertures et des repas aux sinistrés. Plusieurs camions d'aide sont arrivés sur place mais Caritas attendait toujours à la mi-journée l'autorisation de procéder aux distributions.

De nombreux Allemands et Turcs d'Allemagne font preuve de solidaritéImage : Markus Schreiber/AP Photo/picture alliance

A l'échelle des citoyen*ne*s

Yasin Kesginlikimiloglu atteste aussi de la solidarité qui se manifeste en Allemagne : "Pour nous, de la troisième ou quatrième génération, l'Allemagne est notre pays. On a montré d'ailleurs la même solidarité aux réfugiés, et aux Ukrainiens. On a distribué des affaires et fait des dons d'argent."

Aujourd'hui encore, Yasin Kesginlikimiloglu va passer une partie de la nuit sur un parking, à charger des camions. Quand vous voyez ces images des gens qui ont tout perdu, demande-t-il, comment voulez-vous faire autrement que d'aider ?