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SociétéTurquie

Erzin, la ville qui a résisté au séisme

Carole Assignon | Uwe Lueb
16 février 2023

En Turquie, la ville d'Erzin a été relativement épargnée par le séisme. Le maire de la ville a refusé d'autoriser des constructions illégales.

Des immeubles après le seisme en Turquie
Le séisme a causé l'éffondrement de nombreux immeubles en Turquie.Image : DHA

En Syrie comme en Turquie, l'aide continue de s'organiser en faveur des victimes du séisme du 6 février dernier qui a fait près de 40.000 morts et d'importants dégâts matériels. Dans le chaos que le séisme a causé, il y a toutefois en Turquie une ville qui a été relativement épargnée en dépit de sa situation dans la zone du tremblement de terre. Il s'agit de la ville d'Erzin dont le maire n'a autorisé aucune construction illégale. 

Depuis le tremblement de terre, Ökkeş Elmasoglu, le maire de la ville d'Erzin qui compte environ 42.000 habitants, est devenu une sorte de héros. Et pour cause... Bien que Erzin soit située dans le sud de la Turquie, dans la zone sismique, presque rien n'est arrivé à ses habitants. A la télévision turque, l'explication du maire est simple.

"Je n'ai autorisé aucune construction ou activité de construction illégale. Parfois, j'étais dérangé et on me demandait avec moquerie si je voulais être le seul être décent du pays. J'ai donc la conscience tranquille. Je n'ai autorisé aucune construction illégale" a assuré le maire.

Une habitude

Les constructions illégales sont habituelles en Turquie même si les responsables sont passibles de poursuites. Eyüb Muhcu de l'organisation faîtière des ingénieurs et des architectes du pays, explique devant une maison effondrée à Adiyaman comment ce système fonctionne.

Les constructions illégales sont habituelles en TurquieImage : THAIER AL-SUDANI/REUTERS

"Ce bâtiment est une maison à quatre étages, c'est-à-dire que quatre étages ont été prévus et la statique a été conçue pour cela. Après cela - encouragés par des amnisties politiquement motivées dans le domaine de la construction - ils ont illégalement ajouté trois étages et ont donc en quelque sorte commis un meurtre" précise Eyüb Muhcu.

Rajouter un, deux ou plusieurs étages sans autorisation, c'est courant dans de nombreuses villes turques. Mais cela seul n'explique pas la catastrophe.

Un sol instable, des matériaux de mauvaise qualité, des constructions qui ne respectent pas les normes sont autant d'autres raisons.

Un contrôle systématique

Des bâtiments illégalement construits existaient également à Erzin, selon le maire Ökkeş Elmasoglu. A maintes reprises, certains ont essayé de persuader les autorités de fermer les yeux. Cependant, le maire assure qu'il est resté inébranlable, même s'il a été la cible d'attaques." Ils m'ont aussi approché, se plaignant qu'ils n'avaient pas les moyens d'obtenir un permis de construire" explique le maire qui assure avoir toujours répondu "je suis désolé" tout en restant ferme.

A Erzin, tous les bâtiments sont désormais contrôlés un par un comme dans le reste de la zone sismique. L'autorité turque du bâtiment emploie 1.000 ingénieurs et inspecteurs à cette fin. Et ils ont plus à faire dans la ville du maire Elmasoglu que partout ailleurs - car de nombreuses maisons sont encore debout.