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La Russie lance des drones iraniens sur l'Ukraine

17 octobre 2022

Des drones kamikazes se sont abattus ce matin sur plusieurs villes d'Ukraine, dont le centre de Kiev, la capitale.

Ukraine-Krieg | Drohnenangriffe auf Kiew
Image : Metin Aktas/AA/picture alliance

Parmi les cibles touchées par les drones lancés par la Russie sur les villes d'Ukraine, il y a des infrastructures énergétiques et un immeubles d'habitation. Au moins huit personnes ont été tuées dans ces bombardements, selon le dernier bilan en date, des centaines de localités seraient sans électricité dans le centre et le nord-est du pays.

Ces drones, envoyés par la Russie, seraient de fabrication iranienne, d'après les autorités ukrainiennes.

Un drone dans le ciel de Kiev, le 17 octobre 2022Image : Efrem Lukatsky/AP/picture alliance

Des drones fabriqués en Iran

Les débris retrouvés après les attaques de drones en Ukraine, ces dernières semaines, ont en effet permis d'établir qu'il s'agissait d'engin de la série Shahed, fabriquée par l'Iran, et des Mohajer-6.

Dans son allocution ce lundi, Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense, se félicite des frappes russes.

Il reconnaît que "les forces armées de la Fédération de Russie ont continué à lancer des attaques avec un armement aérien et maritime de longue portée et de haute précision sur les installations de contrôle militaire et de système énergétique de l'Ukraine" et affirme que "toutes les cibles assignées ont été neutralisées".

L'Iran dément livrer ces armes à la Russie. La Russie, elle, ne commente pas. Mais les autorités ukrainiennes réclament un renforcement des sanctions contre l'Iran qui se rend  selon elles, par ces drones, coresponsable de la mort de civils ukrainiens.

Le modèle 136, lancé par la Russie en Ukraine, a une envergure de deux mètres et demi et transporte 40 kilogrammes d'explosifs. Il peut rester en l'air pendant plusieurs heures jusqu'à ce que sa cible soit identifiée par GPS. Ensuite, il se rapproche d'elle et explose au moment de l'impact.

La Russie les fait voler seuls ou en essaims, à basse altitude. Ce qui rend leur destruction plus difficile.

Les attaques de drones visent des civilsImage : Metin Aktas/AA/picture alliance

Faiblesse de la Russie ?

L'avantage pour Moscou d'utiliser ce matériel, c'est que ces drones sont bon marché : un Shahed 136 coûte environ 20.000 euros pièce et il permet de détruire, tuer et terroriser les civils sans mettre en danger la vie des soldats russes et en épargnant des missiles de croisières beaucoup plus coûteux.

Le président ukrainien affirme que la Russie aurait commandé 2000 de ces drones à l'Iran.

Mais certains voient dans l'utilisation de ces engins un signe de faiblesse de la Russie : bien que comptant parmi les plus grands producteurs d'armes au monde, le pays se voit contraint de commander des drones à l'étranger parce que son industrie marque le pas. En cause : les sanctions et les problèmes d'approvisionnement dus à la Covid-19 notamment.

Mission européenne pour l'armée ukrainienne

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se réunissaient aujourd'hui pour valider une mission d'entraînement de 15.000 soldats ukrainiens.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, réaffirme le soutien de l'UE à l'UkraineImage : Lenoir/EUC/ROPI/picture alliance

Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, plaide pour un soutien renforcé à l'Ukraine. Un soutien notamment financier, avec une nouvelle tranche de 500 millions d'euros pour acquérir du matériel militaire, mais pas seulement. Josep Borrell rappelle qu'il y a "aussi une mission de formation militaire puissante, déployée en dehors des frontières de l'Ukraine, mais qui apporte un soutien fort à l'armée ukrainienne."

Cette formation européenne concernerait 15.000 soldats ukrainiens qui aurait lieu principalement en Pologne et en Allemagne.

Elle pourrait être mise en route dès la mi-novembre.

Un tribunal spécial

Les trois Etats baltes réclament par ailleurs la mise en place d'un tribunal international spécial pour juger des crimes de guerre commis en Ukraine.

Urmas Reinsalu, ministre estonien des Affaires étrangères, estime qu'"il y a un besoin imminent d'établir un tribunal international sur ce crime international, parce que la compétence de la CPI et d'autres instituts de droit international, la compétence institutionnelle du droit pénal, ne couvre pas actuellement cette responsabilité".

Son homologue letton, Edgars Rinkevics, abonde : "Il faut non seulement plus de sanctions, non seulement plus d'armes, ce qui est très évident pour l'Ukraine, mais aussi établir et montrer qu'il y a une responsabilité, qu'aucun crime ne reste impuni."

Le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielus Landsbergis, pense également que "si nous ne créons pas un précédent ici, cela signifie que tous les autres futurs agresseurs auront les mains libres pour lancer de nouvelles agressions à l'avenir".

Plusieurs pays de l'UE et de l'Otan forment déjà les forces armées ukrainiennes sur une base bilatérale. L'Otan forme des instructeurs militaires en Ukraine depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

Des bombardiers américains B52 participent aux exercices de l'OtanImage : Ben Birchall/PA/dpa/picture alliance

Exercices de l'Otan

L'Alliance atlantique a par ailleurs entamé le "Steadfast Noon". Il s'agit d'un exercice annuel de "routine", destiné à tester son dispositif de dissuasion nucléaire en Europe.

Les manoeuvres, qui iront jusqu'au 30 octobre, sont menées au-dessus du Royaume uni, de la Belgique et en mer du Nord. Quatorze des 30 pays membres de l'Otan y prennent part.

L'exercice était prévu avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie mais le contexte "d'escalade" dénoncé par le secrétaire-général de l'Alliance est particulier. Jens Stoltenberg qui a réaffirmé le soutien de l'Otan à l'Ukraine et appelé la Russie à retirer ses troupes du sol ukrainien. "La Russie sait qu'une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être livrée", a-t-il déclaré il y a quelques jours en dénonçant les "menaces nucléaires" de Vladimir Poutine.