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L'Allemagne plutôt réticente à l'envoi de soldats en Ukraine

Jens Thurau | Marco Wolter | Avec agences
25 août 2025

L'envoi de troupes étrangères en Ukraine pour offrir des garanties de sécurité à Kiev en cas d'accord de paix avec Moscou est vivement discuté en Allemagne.

Lars Klingbeil et le ministre ukrainien des finances déposent des gerbes de fleur devant un mur du souvenir à Kiev pour rendre hommage aus victimes de la guerre et des soldats tombés au combat.
Premier soutien de l'Ukraine en Europe, l'Allemagne maintiendra "chaque année" l'effort de 9 milliards d'euros déjà consenti en 2025, a assuré le ministre des Finances Lars Klingbeil pendant sa visite à Kiev.Image : Thomas Peter/REUTERS

Volodymyr Zelenksy insiste. Pour le président ukrainien, une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine constitue le moyen "le plus efficace pour avancer" vers la paix, alors que ce dimanche (24.08), l'Ukraine célébrait l'anniversaire de son indépendance.

La perspective de la tenue de ce sommet s'éloigne toutefois de plus en plus, avec des efforts diplomatiques qui s'enlisent. Les positions des deux camps sont toujours irréconciliables.

Volodymyr Zelenksy refuse de céder les territoires occupés par la Russie et a exigé une nouvelle fois des garanties de sécurité pour éviter que la Russie ne reprenne son invasion, à l'avenir. Le président ukrainien réclame notamment le stationnement de troupes étrangères en Ukraine.

Un éventuel déploiement de soldats, c'est une question très débattue en Allemagne.

L'opinion publique opposée au déploiement de troupes en Ukraine

Pour le chancelier allemand, l'Europe doit assumer ses responsabilités et offrir des garanties de sécurité à l'Ukraine. Un appel également lancé par le vice-président américain JD Vance qui estime que les Européens doivent pourvoir à la majeure partie de ces garanties.

En revanche, Berlin reste vague sur la possibilité d'une intervention de la Bundeswehr en Ukraine.

D'autant que vu de Moscou, le stationnement de forces européennes en Ukraine serait "totalement inacceptable", selon les mots du chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov.

Pendant que les négociations de paix semblent dans l'impasse, l'armée russe progresse et revendique régulièrement la prise de nouvelles localités dans l'est de l'Ukraine.Image : Yevhen Titov/REUTERS

Le gouvernement allemand est composé d'une coalition entre les conservateurs dirigés par Friedrich Merz et le parti socio-démocrate, le SPD. Ce dernier, par la voix du vice-chancelier Lars Klingbeil, qui se trouve être en visite à Kiev ce lundi (25.08), appelle à la retenue.

Pour lui, les garanties de sécurité doivent "inclure avant tout une armée ukrainienne forte. Et ensuite, nous verrons ce qui peut être fait d'autre. Mais qu'il s'agisse de soldats allemands ou non, cette question ne se pose pas maintenant", estime Lars Klingbeil dans une interview à la télévision privée Sat 1.

Selon un sondage réalisé par l'institut d'études d'opinion Civey, 51 % Allemands sont opposés à la participation de l'Allemagne à une mission de maintien de la paix en Ukraine. Seulement 36 % des personnes interrogées y sont clairement favorables.

Signaux contradictoires

Le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul se montre également prudent. Lors d'un voyage en Indonésie et au Japon, le ministre conservateur a déclaré dans le podcast "Table.Today" que l'Allemagne serait "probablement dépassée" par une mission en Ukraine.

Dans une interview à la DW, Johann Wadephul s'est plus largement montré sceptique quant à la possibilité de pourparlers de paix. Il observe que "tout le monde attend désormais que Vladimir Poutine soit prêt à discuter sérieusement de la fin de cette guerre. Malheureusement, c'est le contraire que l'on voit sur le champ de bataille".

L’Allemagne fournit des équipements militaires, comme ces missiles de défense anti-aériennes, à l'UkraineImage : Jens Büttner/dpa/picture alliance

Cette retenue contraste quelque peu avec les déclarations plus assurées du chancelier lors du sommet avec Donald Trump, Volodymyr Zelensky et d'autres leaders européens, il y a tout juste une semaine. Friedrich Merz avait alors expliqué que le rôle de l'Allemagne se doit d'être discuté au sein de la coalition, "jusqu'à la question de savoir si nous devrons peut-être prendre des décisions qui nécessitent un mandat". En effet, tout déploiement de la Bundeswehr à l'étranger nécessite un mandat voté par les députés au Parlement.

Scepticisme, surtout dans l'est de l'Allemagne

En Allemagne, les réticences à un déploiement de troupes sont particulièrement fortes dans l'est du pays. Le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), force politique de premier plan dans cette partie du pays, mais aussi le parti de gauche radicale Die Linke y sont opposés. 

Aussi, le ministre-président conservateur de Saxe, Michael Kretschmer (CDU), estime que "le fait que des soldats allemands se battent en Ukraine n'est pas à l'ordre du jour".