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Guerre en Ukraine : témoignages de Marioupol, ville assiégée

25 mars 2022

Marioupol symbolise toute l’horreur de la guerre, mais aussi la résistance des Ukrainiens face à l’envahisseur russe.

Les habitants ont fui Marioupol par milliers
Image : Mikhail Tereshchenko/TASS/dpa/picture alliance

Mykola se souvient du bombardement de l’hôpital pour enfants de Mariupol. Et pour cause, sa maison se trouvait à à peine 500 mètres de là. Lorsqu’il a quitté la ville, port stratégique sur la mer d’Azov à l'est de l'Ukraine, ce directeur d’une télévision locale, a laissé tous ses vivres à ses voisins. Le plus dur, explique-t-il, est le manque d’eau :

"Au début, les gens essayaient d'aller chercher de l'eau dans les puits qui existent encore par endroits. Mais là aussi, il faut d'abord passer entre les bombardements et ensuite faire la queue. Les gens utilisaient aussi l'eau des radiateurs des habitations détruites, bien qu'il soit en principe interdit de la boire."

Ecoutez les témoignages...

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"Distraire les enfants"

En quittant Mariupol, il ne se souvient pas avoir vu un seul bâtiment encore intact. "Partout, il y avait des cadavres de femmes, d'hommes et d'enfants. Nous avons essayé de distraire nos enfants dans la voiture pour qu'ils regardent ailleurs. C'est tout simplement horrible", raconte Mykola.

L’absence de vivres a d’abord créé un vent de panique dans la ville, se rappelle Oleksandr, employé d’une ONG humanitaire. Il est parti le 15 mars, après avoir appris qu’une colonne de voitures était autorisée à quitter la ville. Puis, une fois en sécurité, il est revenu. "Je me suis senti coupable", dit-il. Coupable de ne pas avoir averti ses amis et ses proches de son départ :

"Actuellement, beaucoup de bénévoles arrivent d'une manière ou d'une autre à se rendre à Marioupol. On échange nos expériences. Mais personne ne peut vous garantir la sécurité, au contraire, on nous prévient qu’on pourrait bien ne pas revenir vivant. Mais je continue à chercher des moyens d’emmener mes proches au moins dans les villages sûrs les plus proches. C'est juste un enfer."

100.000 habitants sont toujours pris au piège à Marioupol, selon Volodymyr ZelenskiImage : Maximilian Clarke/ZUMA PRESS/picture alliance

Partir ou rester, un choix dramatique

"Ma mère, qui a 79 ans, ne voulait pas venir avec moi", raconte Natalia, aide-soignante. "Ni mes larmes, ni mes avertissements n'ont pu la faire changer d'avis. Une heure seulement après avoir quitté notre maison commune, une école et deux maisons dans les environs ont été touchées".

Face à l’eau et l’électricité coupées, sa mère finit par se laisser convaincre. Mais lorsque Natalia tente de la chercher le lendemain, il est trop tard. Impossible de rejoindre l’autre bout de la ville. Elle appelle sa mère, qui tente de la rassurer, que la guerre ne durera pas, qu’elle a de quoi manger. Depuis, Natalia n’a pas eu de nouvelles.

A (re)lire également : En Afrique, le commerce des armes russes se porte bien

Propos recueillis par Katja Theise, Danilo Bilek, Ihor Burdyga

Adaption de l'ukrainien par Markian Ostaptschuk

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