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ConflitsUkraine

Ce que signifierait la fin de l'accord céréalier

6 juillet 2023

L'accord céréalier, passé entre la Russie et l'Ukraine a permis des exportations de céréales par la mer Noire. La Russie ne souhaite pas le prolonger.

Un camion décharge des céréales (archive de 2022)
Des milliers de tonnes de céréales étaient restées bloquées dans les silos de l'UkraineImage : dpa/Ukrinform/picture alliance

Il y a un an, le secrétaire général de l'Onu qualifiait l'"initiative céréalière de la mer Noire" de "phare de l'espoir". Un an plus tard, António Guterres est "inquiet" pour l'avenir de cet accord céréalier, passé l'année dernière entre la Russie et l'Ukraine, sous l'égide de la Turquie et des Nations unies. L'accord arrive à son terme dans quelques jours, le 17 juillet. La Russie refuse de le prolonger.

L'accord céréalier a permis de mettre en place un corridor par lequel transitaient des produits agricoles ukrainiens et de l'engrais russe, en dépit de la guerre. Maintenant, Vladimir Poutine accuse l'Ukraine de profiter de ces couloirs maritimes pour attaquer la flotte russe.

L'importance de l'accord céréalier

L'Ukraine est l'un des principaux producteurs de céréales au monde. L'agression russe, en février 2022, a mis en péril la production mais surtout les exportations de ces produits, à cause du blocus instauré par les Russes.

Ces blocages de plusieurs millions de tonnes dans les silos ukrainiens ont provoqué une flambée des prix qui a conduit à des pénuries, menaçant la sécurité alimentaire de près de 400 millions de personnes dans le monde, d'après le Programme alimentaire mondial.

Les zones les plus menacées par la famine se trouvent en Afrique et au Proche-Orient.

Pour Kiev aussi, les exportations de céréales sont importantes : elles ont rapporté depuis mars 2022 près de 700 millions de dollars de recettes à l'Etat.

Le port d'Odessa est l'un de ceux par lesquels transitent les navires chargés de céréales ukrainiennesImage : Yulii Zozulia/Avalon/Photoshot/picture alliance

Comment marche l'accord

L‘accord permet des exportations contrôlées depuis les ports ukrainiens d'Odessa, Tchornomorsk et Pivdennyi. Les navires doivent s'en tenir aux couloirs maritimes humanitaires convenus pour traverser la mer Noire en direction d'Istanbul.

Une fois en Turquie, ils sont inspectés par une équipe spécialisée et composée d'inspecteurs russes, turcs, ukrainiens et onusiens.

Deux groupes de travail des Nations unies sont ensuite chargés de veiller à ce que les céréales ukrainiennes puissent bien être acheminées par la Mer Noire et que, en contrepartie, des aliments et des engrais russes peuvent aussi être exportés.

L'Afrique abandonne le blé pour les céréales locales

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Les succès enregistrés

L'accord céréalier a permis une baisse puis une stabilisation des prix. Plus de 30 millions de tonnes de céréales et autres aliments ont pu être exportés par ce biais (situation en mai 2023). 

64% du blé a été exporté vers les pays en voie de développement. Le maïs, lui, est allé pour près de la moitié en direction de pays industrialisés.

A partir de mars, des articles de presse ont fait état d'une baisse des exportations céréalières ukrainiennes. En mai, les exportations alimentaires qui bénéficiaient de l'accord étaient retombées à environ un quart de leur niveau d'octobre 2022.

A cela plusieurs causes : la crainte des armateurs de circuler sur ces routes dangereuses et les règlements draconiens qui ralentissent le trafic maritime.

La Russie, elle, se plaint de la non-prise en compte de ses exigences et du poids des sanctions occidentales sur ses exportations. Pourtant, les sanctions occidentales ne portent justement pas sur les exportations de céréales russes.

 Au contraire, c'est la Russie elle-même qui a limité ses exportations en la matière, en introduisant une nouvelle taxe.

La mer Noire comme lieu stratégique

De par sa position entre le sud-est de l'Europe et l'Asie, la mer Noire revêt une importance stratégique. Et elle est la seule voie maritime possible que peut utiliser l'Ukraine pour exporter ses produits. Les deux issues de la mer Noire sont les détroits des Dardanelles et celui du Bosphore, tous deux contrôlés par la Turquie.

La Chine aussi s‘intéresse à la mer Noire qui fait partie de ses Nouvelles routes de la soie pour ses échanges commerciaux vers l'Europe.

Si l'accord n'est pas prolongé

Si l'accord n'est pas prolongé, il n'est pas certain que l'Ukraine puisse maintenir ses exportations de céréales à leur niveau actuel. Les polices d'assurance pour les navires vont encore augmenter alors qu'il est déjà nécessaire de payer plusieurs milliers de dollars par traversée.

Sans accord de la Russie, certains armateurs ne voudront sans doute pas prendre le risque de faire circuler leurs bateaux en zone de guerre.

Protestation d'agriculteurs polonais à Stettin contre les importations de céréales ukrainiennesImage : Marcin Bielecki/PAP/picture alliance

La voie terrestre n'est pas une option de remplacement car d'ores et déjà, il n'y a pas suffisamment de wagons de marchandises pour transporter de tels volumes de céréales en passant par les pays d'Europe de l'est -  la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou la Slovaquie.

Par ailleurs, le transit par ces pays a provoqué un mécontentement des agriculteurs locaux qui dénoncent une concurrence déloyale de l'Ukraine. Afin d'y répondre, l'Union européenne a introduit début juin des quotas pour limiter les importations.

Farhan Haq, porte-parole des Nations unies, a indiqué que l'Onu soutiendrait une prolongation de l'accord, y compris sur le volet qui concerne les aliments et intrants russes. Car le temps presse : en Russie comme en Ukraine, les champs devront bientôt être moissonnés.

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