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Un accord de paix au Soudan... oui mais...

31 août 2020

Un accord a été signé pour mettre fin à la guerre du Darfour, dans l'ouest du Soudan. Mais certains groupes armés n'adhèrent pas au processus.

Accord de paix entre le gouvernement soudanais et des mouvements rebelles
Accord de paix entre le gouvernement soudanais et des mouvements rebellesImage : Reuters/S. Bol

Les défis restent énormes après la signature d’un accord de paix mettant fin à 17 ans de guerre au Soudan. En effet, deux mouvements rebelles n’ont pas participé à la signature du document hier à Juba, au Soudan du sud, et la mise en œuvre de l’accord doit intervenir dans un Soudan très mal en point sur le plan économique.

Au Darfour, la guerre débutée en 2003 a fait dans ses premières années au moins 300.000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés. Au Kordofan-Sud et au Nil bleu, la guerre a affecté un million de personnes. 
Après l’échec des accords de paix de 2006 et de 2010, le journaliste soudanais Bakhit Adam estime qu’il y a de quoi se réjouir après cet accord de paix signé à Juba. 
"Cet accord est historique pour le Soudan parce qu’il a arrêté une longue guerre qui a coûté beaucoup pour les armées soudanaises et les Soudanais, de même que pour l’économie soudanaise. Avec cette paix, on peut reprendre les efforts pour le développement", explique le journaliste. 

"C’est un accord de paix partiel" (Jacky Mamou)

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L’accord de paix a pris du temps

Deux groupes rebelles très importants ne l’ont pas encore paraphé : le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLA-N) d'Abdelaziz al-Hilu et le Mouvement de libération du Soudan (MLS) d'Abdelwahid Nour, très présent dans le Darfour. 

Selon Jacky Mamou, président du collectif Urgence Darfour, le gouvernement de transition était coincé, il devait parvenir à cet accord qu’il qualifie de partiel et non inclusif : "Il y a une opposition sociale et politique très forte puisque les gens demandent les libertés fondamentales. Deuxièmement, il [le gouvernement ndlr] garde un problème de sécurité et de paix sans lequel la reconstruction du pays sera impossible dans les régions limitrophes, Darfour, Nil bleu, Kordofan-Sud. Troisièmement, la situation économique est dramatique."   

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Photo de groupe à JubaImage : Reuters/S. Bol

Des sanctions qui étouffent

Alors que le Soudan est sous embargo américain, le redémarrage de son économie ne peut être effectif sans un climat apaisé sur les plans politique, social et sécuritaire, pense Jacky Mamou. Il ajoute que des "progrès substantiels" dans la mise en œuvre de l’accord pourraient amener les deux importants mouvements rebelles à rentrer dans les rangs. 
Les principaux signataires ont reconnu que la difficulté majeure sera en effet l’application de cet accord, notamment aussi son volet financier.

Selon Marina Peter, analyste politique, spécialiste de la Corne de l’Afrique : "Le principal négociateur de cet accord, le général Hemetti [de son vrai nom Mohamed Hamdan Daglo ndlr], était à la tête des Janjawid au Darfour. Il est maintenant au gouvernement. Son groupe a commis des atrocités au Kordofan-Sud et au Darfour. On ignore si les populations seront contentes alors que des témoins racontent encore des scènes de pillages et de viols au Darfour." 

L’accord de paix a été signé par un gouvernement de transition. Marina Peter reste persuadée de sa mise en application même si un gouvernement élu entre en fonction. 

Elle ajoute qu’il reste à voir si l’accord dont l’application pourrait prendre du temps va changer les choses sur le terrain.