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Un dialogue incertain à Khartoum pour la paix en RCA

23 janvier 2019

Les autorités centrafricaines entament des pourparlers de paix sous l'égide de l'Union africaine avec des groupes armés toujours actifs en RCA. Mais quelles sont leurs chances d'aboutir ?

Zentralafrikanische Republik Kämpfer mit Waffen in Koui
Image : Reuters/B. Ratner

'Il vaut mieux négocier que de faire la guerre' (Martin Ziguélé, ancien Premier) - MP3-Stereo

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Réunion, jeudi 24 janvier à Khartoum, la capitale soudanaise.

Une quinzaine de groupes armés sont toujours présents sur le territoire centrafricain qu'ils contrôlent à 80%. Ce rapport de force leur a permis de poser de hautes exigences aux autorités, en 2018, qui laissent peu de marge de manœuvre au gouvernement.

Parmi leurs conditions,  il y a un partage du pouvoir ou encore une amnistie générale.

Arrestation de l'ex-milicien "Rambo" Yekatom en octobre 2018Image : Getty Images/AFP/G. Grilhot

Martin Ziguélé, ancien Premier ministre centrafricain, est également à Khartoum. Sans nier les difficultés sécuritaires et économiques, M. Ziguélé se veut optimiste. Après tout, ce dialogue a été longuement préparé et voulu par les différentes parties depuis 17 mois. Il explique :

"C'est un bon choix d'aller à ces négociations car il vaut mieux discuter que de faire la guerre. Quand vous allez à des négociations, c'est comme quand vous allez à la Coupe du monde. Les équipes sont motivées, surentraînées, chacun place la barre très haut. Mais c'est sur le terrain, pendant le match, selon la volonté d'arriver à un résultat positif, que les choses se déroulent. Vous ne pouvez pas aller à des négociations en disant que sur telles choses, vous ne voulez pas discuter. Et j'estime que quand on aime son pays, on est capable, quand on veut donner une chance à la paix, de trouver des solutions dynamiques. Car la situation de guerre ne profite à personne."

Des limites à la négociation

De l'avis de M. Ziguélé, tous les thèmes sont négociables. Un point de vue que ne partage pas le chercheur Kag Sanoussi. Le président de l'Institut international de gestion des conflits estime que les autorités vont devoir recourir à des "solutions alternatives", comme les amnisties progressives ou la grâce présidentielle, pour éviter de donner l'impression aux rebelles qu'il suffit de prendre les armes pour accéder au pouvoir.

'L'Etat ne peut pas miser sur un partage du pouvoir'

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Pourquoi le choix de Khartoum?

La réunion d'août dernier avait déjà eu lieu dans la capitale soudanaise, sous l'égide de la Russie. Une initiative que la France avait dénoncée comme une volonté de Moscou de torpiller les efforts de l'ONU et de l'Union africaine (UA), tout en asseyant l'influence grandissante du Kremlin dans le pays.

Mais cette fois, Paris salue les négociations sous égide de l'UA, souhaitant qu'elles débouchent sur un accord qui permette "la restauration de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire et assurer le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des combattants des groupes armés".

Des millions de Centrafricains vivent dans des conditions déplorables du fait du conflit qui s'enliseImage : Getty Images/A. Huguet

Centrafrique : la parole aux victimes

Selon Kag Sanoussi, la capitale soudanaise est rassurante pour toutes les parties :

"Il ne faut pas oublier que d'autres dialogues ont déjà eu lieu à Khartoum. Et que les responsables des groupes rebelles, et même les anciens présidents, ont déjà fait des déplacements sur Khartoum. Donc Kaartoum est un peu le fief des groupes armés et ceux qui ne sont plus en odeur de sainteté du fait des mesures judiciaires qui pèsent sur eux s'y rendent régulièrement. Khartoum essaie d'aider la RCA car le président soudanais est conscient du fait que si la guerre continue au sud de son pays, il n'est pas épargné non plus, donc qu'il est dans son intérêt de participer à l'apaisement."

Ces cinq dernières années, sept accords de paix ont été signés qui n'ont pas permis un retour à la stabilité dans le pays.

Sur le terrain, les violences continuent. Treize personnes ont été tuées dimanche dans l'ouest de la Centrafrique. Selon le porte-parole de la Minusca, ces violences auraient été initiées par des Peuls armés, membres présumés du mouvement 3R.

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A noter aussi : la France a remis Patrice-Edouard Ngaïssona à la Cour pénale internationale. Patron du football centrafricain et ex-milicien, Patrice-Edouard Ngaïssona avait été arrêté à la mi-décembre et sera jugé à la CPI pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis en RCA entre septembre 2013 et "au moins décembre 2014".

 

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