Un Gambien jugé en Allemagne pour crimes contre l'humanité
26 avril 2022Pour beaucoup de personnes qui se sont rendues au tribunal ce lundi (25.04.2022), le procès du Gambien de 46 ans qui s'est ouvert à Celle, en Basse Saxe marque un "grand jour pour la justice".
Le suspect, présenté sous l'identité de Bai Lowe, a suivi la première audience consacrée à des points techniques, sans prendre la parole. L'accusé, arrivé en 2012 en Allemagne où il avait demandé l'asile, a participé "à trois ordres de liquidation au total", estiment les procureurs. Les faits remontent aux années de pouvoir de l'ex-président gambien Yahya Jammeh.
L'accusé refuse de confirmer des déclarations précédentes
Le principal élément à charge est une interview que Bai Lowe a donnée en 2013 à "Freedom radio", radio gambienne basée aux Etats-Unis.
Un enquêteur de la police criminelle allemande chargé de l'enquête explique que lors de cet entretien de plus d'une heure l'accusé a décrit comment il avait participé aux trois assauts dont il est appelé à répondre.
Depuis, il s'est toujours refusé à réitérer ces déclarations devant les enquêteurs. En analysant son téléphone portable, ceux-ci ont pourtant retrouvé plus de 75.000 photos dont plusieurs suggérant sa participation aux actions des fameux "Junglers" au début des années 2000.
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Parmi les victimes se trouvent le cofondateur du journal privé The Point, Deyda Hydara qui était aussi le correspondant en Gambie de l'ONG Reporters sans frontières (RSF).
"Le fait est que tous les crimes se sont produits à 6.000 kilomètres d'ici, mais ce sont des crimes contre l'humanité. Et le monde est comme un village planétaire où il fera meiux vivre si les Etats travaillent entre eux", espère Baba Hydara, fils du journaliste Deyda Hydara et partie civile au procès.
Des assassinats commis dans les années 2000
Deyda Hydara a été assassiné en 2004. L'accusé est également soupçonné d'avoir été complice de la tentative d'assassinat, en décembre 2003, d'un avocat réputé à Banjul, Ousman Sillah, critique du président Jammeh.
Le parquet allemand soupçonne encore Bai Lowe d'être impliqué dans la mort près de l'aéroport de Banjul en 2006 de Dawda Nyassi, considéré comme un opposant de l'ex-président gambien.
"Selon notre enquête, ces incidents sont liés à une attaque généralisée et systématique contre la population civile et qui se déroulait en Gambie à l'époque", souligne Xenia Schmitt qui représente le parquet général.
"Cette série d'attaques proviendrait d'agences gouvernementales dans le but de maintenir le président au pouvoir. Nous qualifions donc légalement ces incidents de crimes contre l'humanité", insiste-t-elle.
Le procès a lieu en Allemagne au nom de la compétence universelle. D'autres procédures existent en Suisse et aux Etats-Unis. Les défenseurs des droits de l'homme espèrent qu'en Gambie sur place, des responsables de crimes pourront être traduits en justice.