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Un plan pour rebâtir les régions anglophones au Cameroun

Henri Fotso
4 octobre 2019

Au quatrième jour du grand dialogue national, les participants ont débattu d'un plan pour reconstruire les régions anglophones.

Kamerun Buea - Unruhen
La ville de Buea, en zone anglophoneImage : Getty Images/AFP/A. Huguet

Ce vendredi quatre octobre est le dernier jour du grand dialogue national au Cameroun. Un dialogue débuté lundi, pour tenter de mettre fin à la guerre dans les régions anglophones mais qui a tourné court après le départ de personnalités politiques de premier plan.

Mais ce jeudi (3 octobre), on a tout de même parlé reconstruction des régions anglophones touchées par la guerre depuis trois ans. 

"On a travaillé donc sur le court terme, le très court terme, et le long terme", expliquait ce jeudi Anicet Ekane, membre de la commission consacrée à la reconstruction, au Palais des Congrès de Yaoundé.

"Ca va commencer dès la mise sur pied rapide des commissions de contrôle et d'implémentation dont les membres seront choisis dans le cadre de notre commission dès ce mois d'octobre 2019". Il estime ainsi que la reconstruction pourrait débuter dès le début de l'année 2020.

Phases de 2, 5 et 10 ans

Ce projet de reconstruction des régions anglophones est donc articulé en trois phases : la phase conjoncturelle de deux ans consacrée aux réparations à l'échelle des individus, la phase à court terme de cinq ans et la phase à long terme de dix ans consacrée aux projets structurants.

Lire aussi → Günter Nooke : le dialogue camerounais ne doit pas échouer

Mais comment reconstruire alors qu'il n'y a pas d'accord politique entre le gouvernement et les groupes séparatistes et que les affrontements et les destructions pourraient se poursuivre au lendemain du dialogue national camerounais ?

"Il ne faut pas imaginer qu'on a tourné une clé et que le 5 octobre, je pourrai tranquillement me rendre à Kumbo, sans aucun problème. Il vaut mieux isoler les extrémistes, donc travailler pour que le maximum de ceux parmi les ex-combattants qui veulent retrouver une ambiance unie au Cameroun, aient des arguments à montrer à la population, pour montrer que ce n'est plus indispensable d'être dans le radicalisme sécessionniste", répond Anicet Ekane.

L'International Crisis Group (ICG) chiffre à 3.000, le nombre de victimes des affrontements entre les sécessionnistes et les forces armées dans la crise anglophone Image : Getty Images/AFP/A. Huguet

Décentralisation ?

Pour que ces grandes déclarations qui se font au grand dialogue national ne demeurent pas longtemps un mirage, l'ancien secrétaire général à la présidence de la République et ex-prisonnier politique, le professeur Titus Edzoa, propose qu'on laisse les Camerounais gérer les affaires au niveau local, en leur octroyant les moyens financiers nécessaires.

Il propose des élections régionales et une décentralisation poussée. "Je propose qu'on donne les pouvoirs de gestion et d'administration au Conseil régional et à son président", explique-t-il.

"Il faudrait qu'on supprime les postes et fonctions ci-après : le poste de gouverneur, le poste de secrétaire régional parce que les gens ne savent pas que dans toutes les régions il y a un secrétaire régional qui est nommé par décret présidentiel et qui a rang de préfet. Et puis il y a des instances au niveau du Premier ministre et de l'administration territoriale qui bloquent tout."

Titus Edzoa propose aussi qu'il y ait très vite un décret de cessez-le-feu en zones anglophones et espère enfin que le grand dialogue national ira au-delà de la question anglophone pour résoudre le problème de la mauvaise gouvernance au Cameroun.

Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais
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