Un Premier ministre pour Haïti
1 août 2008Cette fois-ci c'est la bonne. Depuis le limogeage de Jacques Edouard Alexis suite aux émeutes de la faim en avril dernier, le président haïtien René Préval avait déjà proposé deux candidats pour diriger le gouvernement. Des choix rejetés par le Parlement sur des critères d'ascendance et de résidence.
Après Claudette Werleigh en 1995, Michèle Pierre-Louis est la deuxième femme à occuper le poste de Premier ministre à Port-au-Prince. Sa nomination a été entérinée à 12 voix pour, cinq abstentions et aucune voix contre. A 61 ans, cette économiste de formation dirige une puissante organisation non gouvernementale, la Fondation connaissance et liberté ou FOKAL. Reconnue pour son engagement social, elle est active dans des domaines comme ceux de l'éducation, de la culture ou du développement communautaire.
Parmi les raisons qui ont amené cinq sénateurs à s'abstenir hier, il y a le débat autour de l'orientation sexuelle de Michèle Pierre-Louis. Alors que certains défenseurs de valeurs familiales conservatrices lui demandaient de se prononcer sur les rumeurs qui circulent, elle est intervenue cette semaine à la radio pour les qualifier d'allégations.
Mais il y a nombre d'autres difficultés auxquelles devra faire face le Premier ministre. Haïti a bien du mal à se relever de 20 ans de crises et de coups d'Etats meurtriers. C'est le pays le plus pauvre du continent américain. Des émeutes de la faim l'ont ébranlé au printemps suite à une brusque envolée des prix alimentaires. Elles avaient fait six morts, des centaines de blessés et de nombreux dégâts matériels.