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Un rapport accablant pour la force française au Mali

Paul Lorgerie
30 mars 2021

Dans un rapport, la mission des Nations unies au Mali, la Minusma, accuse la force française au Sahel, Barkhane, d’avoir commis une bavure proche du village de Bounty, dans le centre du pays.

Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU.
Une frappe française a tué 19 civils au Mali en janvier, selon une enquête de l'ONU.Image : Reuters/B. Tessier

Le rapport a été publié par la section des droits de l’homme de la Minusma. 

Le 3 janvier, deux avions de chasse français bombardaient un regroupement de personnes. Certaines associations de défense des droits de l’Homme étaient alors vite montées au créneau pour dénoncer une erreur, parlant d’une frappe contre un mariage. 

Le rapport publié mardi par la Mission de l'Onu au Mali (Minusma) constitue la plus grave mise en cause d'une opération de la force antijihadiste Barkhane par les Nations unies.Image : picture-alliance/dpa/P. de Poulpiquet

Une guerre informationnelle avait alors suivi et chacun des camps restaient sur leurs positions. Pour démêler le vrai du faux, une enquête indépendante a été diligentée par la Minusma

Au  moins 22 morts, c’est le nombre de personnes qui ont péri suite à cette frappe française, selon le rapport. Alors ces hommes appartenaient-ils à un groupe armé terroriste ou non ? 

Le rapport est en tout cas formel : il s’agissait d’un mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma.

Les résultats de l'enquête contestés

L’enquête, qui s’est déroulée du 4 janvier au 20 février et pendant laquelle près de 400 personnes ont été interrogées, établie en effet que 19 civils ont perdu la vie pendant et après la frappe. 

Les trois personnes restantes étant en effet, toujours selon le rapport, des djihadistes qui seraient affiliés à la Katiba Serma, qui répond aux ordres du Groupes de soutien à l’Islam et aux musulmans, principale mouvance djihadiste au Mali. 

Image : picture-alliance/dpa/P. de Poulpiquet

Du reste, ces accusations soulèvent, je cite, "des préoccupations importantes quant au respect des principes de la conduite des hostilités".

Pour autant, Paris réaffirme que la frappe du 3 janvier visait bien un groupe armé terroriste et émet des réserves quant à la méthodologie employée par les enquêteurs onusiens. La principale critique portant notamment sur la crédibilité des sources mobilisées.

Une autre bavure

La publication de ce rapport tombe par ailleurs au plus mal pour la force Barkhane. Jeudi dernier, des voix se sont élevées dans la ville de Talataye, dans le nord du pays, au sujet de la mort de six jeunes, âgés entre 15 et 20 ans, dans un bombardement français. 

La Coordination des mouvements de l’Azawad, la CMA, qui rassemble les anciens indépendantistes, signataires de l’Accord d’Alger, a notamment condamné cet incident. 

Ce qu’a alors réfuté Barkhane, affirmant qu’une frappe de drone avait bien eu lieu dans la zone, mais qu’elle visait des groupes armés terroristes.