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climatMonde

Les Nations unies alertent sur la dégradation des pâturages

24 mai 2024

Jusqu'à 50% des pâturages sont déjà dégradés dans le monde, d'après un rapport des Nations unies (CNULD). Au Niger, les éleveurs constatent déjà l'ampleur des dégâts.

Un éleveur avec ses animaux au Kenya
Les grandes prairies et étendues sauvages, qui stockent le CO2 dans les sols et stimulent la croissance de la végétation susceptible d'en absorber encore plus, sont de précieux atouts dans la lutte contre le réchauffement climatique.Image : NDR

"Il n’y a plus d’herbe. Avec cette chaleur, 45 ou 46 degrés Celsius, les animaux ne font plus d’efforts. Là où ils doivent camper, ce sont devenus des espaces pour l’agriculture…"

Amadou Doutchi est éleveur à Maradi au Niger. Depuis quelques années, il est le point focal des organisations pastorales de la région de Maradi. Il explique que ces dernières années, il a vu le nombre de son bétail diminuer à cause de la disparition des pâturages dans sa région.

Tout comme le rapport des Nations unies, Amadou Doutchi estime que la perte des pâturages constitue une grave menace pour la communauté pastorale et la survie des populations.

"Je dirai même que les estimations des Nations unies sont sous-estimées. On peut dire qu’au Niger, dans notre région, le pastoralisme a perdu plus de 80 % de sa capacité de résilience", a expliqué Doutchi.

Les causes de la dégradation

La dégradation des pâturages est due en grande partie selon les Nations unies, à leur conversion en terres cultivées et à d'autres utilisations, résultant de la croissance démographique et de l'expansion urbaine.

Amadou Doutchi pointe aussi du doigt l’augmentation rapide de la demande en denrées alimentaires, des politiques qui encouragent la surexploitation des terres et surtout la hausse de la température terrestre.

"Particulièrement cette année, nous vivons des phénomènes exceptionnels. Des marres, jadis permanentes, sont asséchées. Ces dernières 70 ou 80 années, on n’a pas vécu ce phénomène", a-t-il déclaré.

Un sixième de la production alimentaire mondiale dépend des pâturages, qui sont aussi au fondement de l'économie de plusieurs pays.Image : NDR

Le Niger est un pays à vocation pastorale. L'élevage y est pratiqué sur 650.000 km2 environ, soit plus de la moitié de la superficie totale du pays.

Il constitue, avec l'agriculture, l'activité économique de base, puisqu'il représente le revenu essentiel et souvent unique de couches importantes de la population et un élément primordial du commerce extérieur.

L’apport à l’économie nationale

En effet, les produits de l’élevage constituent le second poste des exportations au Niger après l’uranium, et 70 % des produits d’exportation de l’agriculture. Ce qui veut dire que dans ce pays, la dégradation des pâturages entraine des conséquences fâcheuses, insiste l’éleveur :

"Les conséquences sont multiples, elles sont d’ordre culturel puisque les éleveurs perdent leur mode de vie, elles sont économiques et elles sont sécuritaires, et ça va être plus compliqué après."

Amadou Doutchi fait allusion aux jeunes de la communauté pastorale qui, à cause de leur vulnérabilité, deviennent des proies faciles pour des groupes terroristes qui sévissent dans le Sahel.

"La "mort silencieuse" de ces terres est jusqu’ici pourtant passée inaperçue, malgré leur importance cruciale", a estimé Ibrahim Thiaw, le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, à la publication du rapport sur le pastoralisme.

Il appelle à promouvoir les pratiques agricoles traditionnelles comme la rotation des cultures, qui améliorent la santé des sols et leur capacité à stocker le carbone.

À l'inverse, leur mauvaise gestion dépouille la terre des nutriments nécessaires à la survie des plantes et des animaux.

D’après le rapport thématique ; "Regards et perspectives sur les terres du monde de la CNULD sur les pâturages et le pastoralisme", les grandes plaines, les savanes ou encore les plateaux montagneux et les autres prairies, sont dans un état dégradé.