Une élection sans surprise en Syrie
4 juin 2014Bachar al Assad a deux concurrents, le député indépendant Maher al-Hajjar et l'homme d'affaires ayant appartenu à l'opposition dite modérée Hassan al-Nouri. Aucun candidat de l'opposition radicale n'est en lice.
Pour rappel, le père de Bachar al Assad, Hafez a dirigé le pays de 1970 à 2000. A sa mort le 10 juin 2000, le parti au pouvoir a choisi Bachar comme candidat à la présidence.
Et depuis, celui-ci dirige la Syrie et se représente à nouveau. Pour la politologue allemande, Bente Scheller, experte en politique étrangère et de sécurité au bureau Moyen-Orient de la Fondation Heinrich Böll à Beyrouth, au Liban, il n'y aura aucune surprise sur le résultat du vote:
«Nous avons été très critiques sur les élections précédentes en Syrie tout comme sur celles-là qui vont confirmer le président. Il a d'ailleurs toujours été élu à 95 pour cent. C'est une tradition, et les élections actuelles se passent dans des conditions encore plus strictes : ils y a deux autres candidats en lice, mais ils viennent des rangs d'Assad. On sait que les élections n'auront lieu pas partout mais seulement dans les régions du pays sous contrôle du gouvernement d'Assad, qui sont sous protection militaire. Il est donc évident que la moitié des Syriens ne votera pas. »
Les Syriens âgés de 18 ans et plus, tout comme les sept millions de déplacés de guerre toujours présents dans le pays pouvaient voter. Et parmi les trois millions de réfugiés ou d'expatriés, seuls 200 000 se sont inscrits sur les listes électorales dans 39 ambassades du monde. Ceux-ci ont voté il y a une semaine de cela.
Mais que vise Bachar al Assad en organisant une présidentielle dans un pays en guerre ? La réponse de Bente Scheller:
«Pour lui, il est beaucoup plus important de maintenir son influence. Et c'est pourquoi Assad veut se donner une certaine confiance en mettant en scène une élection garantissant cette stabilité.»
Pour ses partisans, Bachar al Assad veut rétablir l'ordre et la légalité avec cette élection. Mais les pays européens, les Etats Unis et certains pays arabes dénoncent le scrutin. En revanche, Moscou et Téhéran le soutiennent.