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Démission lourde de conséquences pour la politique allemande

Hugo Flotat-Talon
2 juin 2019

La dirigeante du parti social-démocrate allemand (SPD), Andrea Nahles, démissionne ce dimanche, une semaine après le revers de son parti aux élections européennes. Un départ qui pourrait faire tomber le gouvernement.

Berlin Andrea Nahles SPD-Vorsitzende
Andrea Nahles est âgée de 48 ansImage : Reuters/F. Bensch

C'est une démission qui a surpris nombre d'Allemands au réveil ce dimanche matin (02.06.2019), une semaine après les élections européennnes. Celle d'Andrea Nahles, la dirigeante du parti social-démocrate allemand. "Je n'ai plus le soutien nécessaire à l'exercice de mes fonctions", a déclaré celle qui avait pris la tête du parti en 2018. Elle se retirera ce lundi ce lundi (03.06.2019) de la présidence du parti et mardi (04.06.2019) de la présidence du groupe SPD au parlement allemand. Une démission conséquence des mauvais résultats du parti aux élections europénnes de dimanche dernier. Largement devancé par des Verts, le parti de centre-gauche n'a recueilli que 15% des votes, son plus bas niveau historique. 

Cette semaine, Andrea Nahles avait annoncé qu'elle remettrait, dès mardi (04.06.2019), son poste de dirigeante en jeu, lors d'un vote, espérant faire taire les critiques. Mais celles-ci se sont multipliées toute la semaine, laissant un doute sur le réélection d'Andrea Nahles à la tête du parti.

Le gouvernement fragilisé 

Angela Merkel, Horst Seehofer (à droite) et Olaf Scholz, lors de la signature du contrat de coalition entre CDU, CSU et SPD, en mars 2018Image : picture-alliance/dpa/AA/E. Basay

Après cette annonce, c'est tout le gouvernement allemand qui pourrait tomber. La chancelière allemande Angela Merkel a d'ailleurs convoqué la presse ce dimanche. Et pour cause : le SPD fait partie, avec l'alliance CDU/CSU autour d'Angela Merkel, de la coalition gouvernementale. Il mène ainsi une politique de compromis, avec des alliés plus à droite politiquement, ce qui gêne beaucoup d'électeurs, et fait baisser les résultats du parti dans les urnes, élection après élection. Au sein du parti, les voix sont de plus en plus nombreuses à demander le retrait du SPD de la "grande coalition". La démission d'Andrea Nahles pourrait accélérer une telle prise de décision. 

"Ce que je veux dire au nom du gouvernement, c'est que nous allons continuer notre travail avec tout notre sérieux et notre sens des responsabilités", a tenté de rassurer Angela Merkel ce dimanche. 

Des élections anticipées ? 

Si le SPD venait à quitter la "GroKo", formée en mars 2018, cela provoquerait la fin du gouvernement, et des élections anticipées. Beaucoup au SPD éspèrent ainsi "reconstruire" le parti, lui redonner plus de force, en étant dans l'opposition. La CDU d'Angela Merkel devrait ainsi tout faire pour éviter ce scénario dans les prochains jours. D'autant que la CDU ne va pas bien non plus. Les chrétiens-démocrates sont arrivés en tête des élections européennes, mais avec un score historiquement bas, et la dirigeante du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer était, cette semaine encore, au centre d'une polémique. 

Qui pour lui succéder ?

Andrea Nahles Image : Reuters/F. Bensch

Des noms pour succéder à Andrea Nahles circulaient déjà. La ministre-présidente de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, dans le Nord-Est, Manuela Schwesig, et le chef du gouvernement de Basse-Saxe, dans le Nord-Ouest, Stephan Weil, sont notamment évoqués. On évoque également le nom d'Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre fédéral des Finances depuis mars 2018. Matthias Miersch, tout à gauche du parti, et Martin Schulz, ancien candidat à la chancellerie, avaient aussi déclaré récemment qu'ils ne voulaient pas concourir contre Nahles. Maintenant que le départ de la dirigeante est acté, ils pourraient aussi être d'éventuels candidats. Mais aucune date pour une nouvelle élection n'est encore annoncée. 

Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_