Une grève générale exceptionnelle en Algérie
11 mars 2019L'appel à la grève générale est suivi un peu partout en Algérie en ce début de semaine. A Blida, Oran, Constantine, Tlemcen ou Alger la capitale, certains magasins sont restés fermés. Les bus, métros ou tramways n'étaient pas non plus en circulation.
Des scènes rares dans le pays que nous décrit le journaliste Fayçal Metaoui.
"Il y a des grèves dans le secteur de l'économie dans le sud du pays avec les travailleurs de la Sonatrach, (la société nationale des hydrocarbures), dans le secteur des télécommunications également. Les magistrats ont organisé ce lundi des manifestations dans plusieurs tribunaux du pays alors qu'on parle de la décision de certains juges de se retirer de l'encadrement des opérations électorales."
Vers la constitution d'un Etat de droit
Après trois semaines de mobilisation, les revendications vont désormais au-delà de la contestation d'un cinquième mandat de Bouteflika.
C'est ce qu'explique Abdelwahab Fersaoui, le président du RAJ, le Rassemblement Actions Jeunesse, l'association nationale des jeunes d'Algérie: "là le peuple demande à amorcer un processus de changement démocratique ouvert et inclusif. Donc aujourd'hui, même si Bouteflika se retire de la course à la présidence, ce ne sera pas la solution. Nous voulons aller vers la constitution d'un Etat de droit. Nous voulons un changement radical de ce système qui est en place depuis 1962 (date d'indépendance de l'Algérie) et qui a échoué sur tous les plans. "
Le gouvernement dénonce des ingérences extérieures
Une intensification du mouvement de contestation qui pourrait être utilisée par la gouvernement pour tenter de retourner l'opinion en sa faveur selon Emmanuel Dupuy de l'Institut de prospectives et de sécurité en Europe.
"Ça donne l'impression que le mouvement est en train de se radicaliser et que le gouvernement est en train de prendre cela de plus en plus au sérieux. Donc, toutes les tentatives, les velléités de radicalisation du mouvement vont être interprétées par le gouvernement pour dire que derrière il y a une volonté de mettre à mal le système économique algérien pour perturber la souveraineté nationale. Et comme le disent certains au sein du cercle du pouvoir, qu'il y aurait donc des ingérences extérieures. "
La grève générale de quatre jours entamée hier dimanche vise à mettre davantage de pression sur le conseil constitutionnel. Il doit valider ce mercredi (14 mars) les candidatures à l'élection présidentielle prévue le mois prochain.