Une "pilule tranquillisante" pour l'Afghanistan
5 décembre 2011Ce que l'on peut attendre de cette conférence de Bonn, ce sont surtout de grandioses promesses, observe die tageszeitung. La communauté internationale va tenter de convaincre les Afghans qui croient encore en l'Occident que le retrait des troupes ne sera finalement pas si grave et que l'Afghanistan continuera de recevoir un soutien fort. Le gouvernement mafieux de Hamid Karzaï va quant à lui, au bout de dix ans, promettre de mettre fin à sa mauvaise gestion et de gouverner enfin correctement.
L'objectif est avant tout d'élaborer un scénario qui permettra aux Occidentaux de garder bonne figure lors de leur retrait, tout en sauvegardant le plus possible des succès acquis. Le journal voit ainsi dans cette conférence une "pilule tranquillisante" qui doit faire oublier le constat d'échec actuel.
A Bonn, les mots ne manquent pas pour assurer que l'Afghanistan pourra compter sur la solidarité de la communauté internationale et notamment celle de l'Allemagne. Il serait injuste, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung, de disqualifier ces promesses comme de la rhétorique bon marché. Pour la bonne raison, tout d'abord, que cette solidarité ne sera pas bon marché, mais qu'au contraire elle reste très coûteuse. Et si les décideurs politiques savent que l'opération militaire dans l'Hindou Kouch est impopulaire auprès de leurs propres populations, ils savent aussi qu'un échec manifeste ne serait pas un bon argument de campagne électorale.
Pour la Süddeutsche Zeitung, le grand dilemme de ce pays tampon, coincé entre la Chine, l'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Russie, c'est que les problèmes de l'Afghanistan ne sauraient être réglés par une multitude de délégations, participant à autant de conférences. Ce sont les ethnies et les tribus afghanes elles-mêmes qui doivent trouver une issue.
Cela n'est quasiment jamais arrivé dans l'histoire du pays. Mais cette fois, il y a de quoi espérer, car on ne trouve aucun groupe important, ni à l'intérieur, ni chez les voisins, qui ne veuille la paix. De la Chine à l'Iran, des autorités pakistanaises aux Etats-Unis, des Pachtounes aux Hazaras, en passant par les Tadjiks, tous ont davantage intérêt à la paix qu'à la guerre. Et cette analyse est partagée par une fraction importante des taliban.
Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Philippe Pognan