Une réélection sur fond de faible taux de participation
16 août 2018La participation a été en effet assez faible, un peu moins de 35% contre 43,06% au tour précédant. Ce taux pourrait faire polémique. Sur environ huit millions de citoyens maliens inscrits sur les listes électorales, à peine 35%, soit à peu près 2,7 millions, ont donc répondu à l'appel du second tour du scrutin, alors qu'ils étaient plus de trois millions à exprimer leur suffrage lors du premier tour. En définitive, plus de 400.000 électeurs ont décidé de bouder le vote entre les deux tours.Toutefois, ce pays, depuis qu'il a renoué avec la démocratisation, a une tradition de faible taux de participation aux élections.
Pour la majorité des analystes politiques et des spécialistes du Mali, ce tableau ne devrait pas entacher la crédibilité et la légitimité de la réélection du président Ibrahim Boubacar Kéita.
Mamadou Samaké, professeur de droit et de sciences politiques à l’université de Bamako, explique d'abord la situation par le contexte tendu dans lequel s'est déroulé le scrutin." Traditionnellement, les Maliens ne votent pas beaucoup. Il faut se souvenir qu'en 1997, le président Konaré avait été réélu avec un taux de moins de 25%. Mais il faut rappeler le contexte dans lequel l'élection s'est déroulée. D'abord le contexte sécuritaire, la période hivernale... Le dimanche (jour du vote) il a plu de Kai à Kidal, et en période hivernale, quand il pleut, les gens vont directement aux champs" précise t'il.
En attendant la confirmation de la Cour constitutionnelle
Ce faible taux de participation ne pourrait être non plus un argument valable pour contester les résultats de cette élection, estime le politologue Mathias Hounkpè. Selon lui "ce n'est pas un argument qu'on peut porter devant le juge du contentieux électoral. Le taux de participation ne fait pas partie des critères de décision de celui qui est élu. Par contre, l'opposition peut réunir des preuves de mauvaises pratiques, des preuves de corruption etc... ou de fraude électorale pour porter devant la Cour constitutionnelle, mais il faut nuancer également que, étant donné l'écart relativement large qu'il y a entre les deux aussi bien au premier tour qu'au deuxième tour, il sera difficile de justifier cet écart seulement par la fraude électorale."
Il reste donc que la Cour constitutionnelle confirme ce second mandat d'IBK qui débutera officiellement le 4 septembre prochain. En se maintenant au palais de Koulouba, Ibrahim Boubacar Keïta doit désormais rassurer davantage le peuple malien en respectant ses engagements, et relancer surtout l'accord de paix conclu en 2015 avec l'ex-rébellion à dominante touareg.
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