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Une vidéo suscite une vague d'indignation au Cameroun

Carole Assignon
12 août 2020

La vidéo du meurtre d'une femme relance le débat sur les exactions dont sont victimes les populations civiles dans les régions anglophones du Cameroun. 

Präsidentschaftswahl in Kamerun Sicherheitskräfte
Image : DW/F. Muvunyi

C’est une nouvelle vidéo macabre qui suscite l’émoi au Cameroun. Celle d’une femme tuée à coups de machette par des hommes présentés comme des séparatistes anglophones. La scène se déroule dans la ville de Muyuka, située dans la région du Sud-Ouest du Cameroun. De présumés combattants séparatistes tuent cette femme accusée d’être une informatrice du gouvernement, avant de traîner son corps le long de la chaussée. 

Plus que des condamnations

Cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux vient s’ajouter à une liste déjà longue d’exécutions de civils. Elle à aussitôt suscitée une vague d’indignation des leaders de la société civile mais également des hommes politiques comme l’opposant Akeré Muna qui a dénoncé un acte "barbare, inhumain et inacceptable". Me Félix Agbor Balla du Centre des Droits de l’Homme et de la Démocratie en Afrique (CHRDA) condamne également. Pour la militante des droits de l'homme Alice N'Kom, il faut plus que des condamnations. "Ce qui arrive aujourd'hui, c'est ce qui est déjà arrivé avant, il y a eu d'autres décapitations et malheureusement il y en aura encore d'autres si nous ne nous décidons pas à dire stop à ceux qui ont déclenché cette guerre et qui veulent la continuer coûte que coûte. Mais au milieu de tout cela il y a nous tous, la communauté internationale", estime t-elle. 

Agir pour mettre un terme aux exactions

Dans un rapport, le Centre des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique revient, photos et témoignages à l’appui, sur les exactions attribuées aux séparatistes. Il signale notamment des enlèvements, tortures et exécutions dans les régions anglophones du Cameroun. Des exactions dont sont victimes aussi bien des femmes que des hommes.

Pour Bergeline Domou du Cameroon people's party (CPP),  "voir un Camerounais tuer un autre Camerounais à l’arme blanche, c’est l’horreur. Malheureusement, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et dans une certaine mesure l’Extrême-Nord du Cameroun vivent cette horreur depuis 2016. Un matin, des Camerounais se sont plaints, comme cela arrive partout, et le gouvernement, au lieu de répondre politiquement à leurs revendications, a jugé bon de tirer sur eux et donc a radicalisé cette situation".

Malgré tout, Bergeline Donou ne veut pas perdre espoir. "Nous, le peuple camerounais, nous sommes la solution. Tant que nous n’agirons pas et ceci de manière non violente pour nous débarrasser de ce système, des horreurs, nous en aurons à la pelle" prédit-elle. La crise anglophone aurait fait depuis la fin 2016 plus de 1.800 morts et forcé plus de 530.000 personnes à fuir leur domicile, selon les Nations unies.

Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique
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