Union africaine, Mahamoud Ali Youssouf a pris ses fonctions
17 mars 2025
Mahamoud Ali Youssouf succède au Tchadien Moussa Faki Mahamat qui achève ses deux mandats de quatre ans.
Âgé de 59 ans, Mahamoud Ali Youssouf a été ministre des Affaires étrangères de son pays entre 2005 et 2025. Il a été élu à la présidence de la Commission de l’Union africaine avec 33 voix sur 49 pays votants.
C'est lui qui, pendant les quatre prochaines années, sera le visage et la voix de l'organisation panafricaine. Quatre candidats étaient en lice pour succéder à Moussa Faki Mahamat. Le Kényan Raila Odinga, le Mauricien Anil Gayan et le Malgache Richard Randriamandrato et donc, le Djiboutien Mahamoud Ali Youssouf.
Comment ce dernier, issu d'un petit pays de la corne de l'Afrique, a-t-il réussi à s'imposer?
Selon Liesl Louw-Vaudran, chercheuse spécialiste de l’UA pour l’International Crisis Group (ICG), citée par nos confrères du journal le Monde, Mahamoud Ali Youssouf a plusieurs atouts qui l'ont distingué de ses concurrents.
Il parle couramment trois langues : le français, l'anglais et l'arabe. Et puis, c'est un ministre des Affaires étrangères et non un ancien chef d’Etat. Pour sa part, Patrick Mboyo Bakambo, docteur en droit, chercheur en droit public et en science politique à l'université Paris-Saclay en France estime que l’Union africaine n’a presque eu que des diplomates à sa tête depuis sa création, à l'exception de l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré.
Son profil convient mieux aux chefs d'Etat africains qui n'ont pas d'appétence pour de fortes personnalités comme l'opposant kényan Raila Odinga. Alpha Oumar Konaré en a fait les frais pendant sa présidence.
Défis titanesques
Beaucoup de chantiers complexes attendent le nouveau président de la Commission de l'Union africaine. La guerre dans l'est de la République démocratique du Congo, où les rebelles de l'AFC/M23, soutenus par le Rwanda, occupent des pans entiers de cette partie du pays.
Mahamoud Ali Youssouf devra également gérer la guerre civile au Soudan et le spectre de nouvelle guerre civile au Soudan du Sud.
Élu grâce au soutien des dirigeants africains aux intérêts et agendas divergents, des analystes redoutent que ceux-ci refusent de lui déléguer une partie de leurs prérogatives pour porter la voix de l'institution dans le cadre de la résolution de ces conflits.
La marge de manœuvre de l'ex-chef de la diplomatie djiboutienne risque donc d'être étroite, comme l'ont été celles de ses prédécesseurs.