USA : vers une possible taxe sur les transferts d'argent
13 juin 2025
"One Big Beautiful Bill”. C'est ainsi que Donald Trump appelle une proposition de loi qui pourrait bouleverser la vie de millions d'immigrés. Le président américain veut taxer les transferts d'argent vers l'étranger et sa proposition de loi prévoit une taxe fédérale de 3,5% sur les envois d'argent vers l'étranger effectués par des non-citoyens américains.
Christelle Vignon, infirmière béninoise à Baltimore, est révoltée par ce projet de taxe. "Ces mesures prises par l'administration Trump visent à maintenir l'Afrique dans la pauvreté parce que le but de toutes ces mesures, c'est de pousser les Africains à moins soutenir et à moins participer à l'économie de l'Afrique" s'insurge-t-elle.
"Comme une punition"
La taxe viserait en priorité les non-citoyens américains. Et dans les communautés africaines, on y voit une sanction politique. Afery Johnson, entrepreneur togolais dans les transports et l'agroalimentaire, résidant à New York, enfonce le clou.
Selon lui "cette nouvelle taxe apparaît clairement comme une punition pour les immigrés, parce que l'écrasante majorité des immigrés ici votent pour les démocrates".
L'entrepreneur estime par ailleurs qu'actuellement "avec les fluctuations du dollar, cela n'arrange pas du tout les immigrés".
"Taxer l'espoir"
En parallèle, les coupes budgétaires dans les aides de l'USAID fragilisent des projets communautaires souvent financés par la diaspora. Carlos Djal, entrepreneur dans l'agriculture, est directement impacté par la suppression des fonds de l'USAID.
Il explique avoir "déposé un dossier de demande de subvention auprès de l'USAID", mais ce dernier n'a pas été retenu. La suppression de ces fonds signifie selon lui que "les étudiants ne bénéficieront pas d'un accompagnement" à la hauteur de ce qu'ils avaient prévu dans le projet.
Selon la Banque mondiale, les envois de la diaspora vers l'Afrique subsaharienne ont dépassé les 50 milliards de dollars en 2023.
Des économistes redoutent qu'une taxe pousse les gens vers les canaux informels, moins sûrs et incontrôlés. Ce qui pourrait faire reculer la bancarisation et augmenter les risques de fraude.
Taxer l'espoir : c'est ainsi que beaucoup résument ce projet de loi. Et pour eux, ce serait tout sauf "beautiful”.