RDC : verdict reporté dans l'affaire Constant Mutamba
27 août 2025
Au petit matin, la ville de Kinshasa était déjà bien réveillée et vibrait déjà au rythme de ses légendaires embouteillages. Mais ce matin, en plus des taxis motos et des automobilistes pressés, il fallait compter sur une forte présence policière aux alentours de la Cour de cassation de Kinshasa Gombe.
L’annonce de ce verdict était attendue et le nom de Constant Mutamba était dans toutes les conversations. Jusqu’à ce que la cour annonce finalement un report de cinq jours de sa décision, sans donner de raison précise.
Constant Mutamba est accusé d'avoir détourné près de 19 millions de dollars de fonds publics destinés à la construction d’une prison à Kisangani. Depuis le début de son procès, le 9 juillet dernier, ses partisans sont persuadés que leur leader est innocent.
Vanessa Bolumbu est pour sa part très remontée contre l’annonce du report du verdict. Selon elle, l’ex-ministre de la Justice ne doit pas être condamné.
"Qu’ils se le tiennent pour dit parce que chaque jour nous serons là. Et s’ils décident de l’arrêter, ils doivent s’assurer que la prison est assez grande pour tous nous arrêter. Il est innocent, il n’a pas volé cet argent. Qu’il nous dise à combien s’élève le montant pour lequel il est arrêté, ainsi on va se cotiser pour restituer la somme en question. Nous sommes prêts à le faire pour notre leader," explique cette sympathisante de Constant Mutamba.
Une decision qui ne passe pas
Depuis une dizaine de jours, des veillées dites patriotiques ont été organisées à la résidence de Constant Mutamba pour le soutenir dans l’attente du verdict.
Noe Mbuyi fait partie des jeunes qui ont passé la nuit devant la maison de l’ancien ministre de la Justice, dans la commune de Ngaliema. Pour lui, Constant Mutamba est le "docteur" qui va soigner la justice congolaise, souvent qualifiée de "malade".
"La cour s’est retenue pour ne pas rendre son verdict aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, le mobile reste le même, les arsenaux restent les mêmes. On sera toujours disponibles et disposés pour accompagner notre leader politique, comme c’était le cas aujourd’hui."
Tshintutshiabo Namegabe était aussi présent à la Cour de cassation, ce matin. Il estime que les juges s’efforcent de retarder l’inévitable.
"Je ne vois pas, pendant tout ce temps où on a mis l’affaire en délibéré, ce à quoi les magistrats étaient occupés, pour ne pas être prêts aujourd’hui. Qu’y a-t-il de si sérieux ou de si difficile dans ce dossier que les magistrats n’arrivent pas à régler au bout d’une semaine ? Je pense que cela nous plonge dans une autre inquiétude, ce qui renforce toute la pression que vous voyez ici. Les gens sont venus pour écouter une décision. Vous ne pouvez pas renvoyer juste parce que vous avez envie de renvoyer l’annonce du verdict."
L’ironie du sort est que lorsqu’il était ministre de la Justice, Constant Mutamba avait déclaré vouloir rendre la peine de mort applicable aux personnes condamnées pour avoirdétourné l'argent de l'Etat. Le ministère public a requis une peine de dix ans de travaux forcés contre l’ancien ministre de la Justice.