1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

En Ituri, libérer la parole des victimes de viol

Marcus Loika
18 août 2023

Dans l’est de la RDC, l’association Solidarité féminine veut donner aux victimes de viols et d’agressions sexuelles le courage de réclamer justice.

Des femmes victimes de violences sur des lits d'hôpital
31.000 cas de violences basées sur le genre ont été enregistrés en RDC lors des trois premiers mois de 2023Image : Wolfgang Langenstrassen/picture-alliance/dpa/

En Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo, plusieurs associations viennent en aide aux femmes victimes d’agressions sexuelles et de viols. Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral est l’une de ces associations. Elle travaille à libérer la parole des victimes, pour leur donner le courage de réclamer justice.  

Noella Alifwa travaille pour cette organisation. Cela fait plus de 22 ans qu’elle s’engage aux côtés d'une centaine d'autres femmes au sein de l'organisation Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral. 

Connaître ses droits 

Dans une région où l'insécurité est constante et où les femmes en sont les premières cibles, Noella Alifwa aide les victimes à témoigner et aussi à mieux connaître leurs droits pour les inciter notamment à porter plainte.

Ecoutez le reportage à Bunia...

This browser does not support the audio element.

"Au début, les femmes ne voulaient pas parler ouvertement de cette situation. Maintenant, elles en parlent librement. C'est aussi grâce à notre accompagnement. C’était la motivation personnelle puisqu’on leur a dit qu’il faudrait quand même qu’elles puissent s’exprimer et présenter leur situation", explique-t-elle 

Et ce travail commence à donner des résultats. Chaque mois, une cinquantaine de femmes osent dénoncer les violences sexuelles dont elles ont été victimes. Un chiffre effrayant, mais qui dénote aussi un changement des mentalités, selon Noella Alifwa. 

Pour elle, "en faisant la sensibilisation, nous montrons aux femmes et aux jeunes filles que nous leur assurons la confidentialité. C'est pour que ces personnes qui sont agressées sexuellement osent ensuite venir pour leur prise en charge. Il y en a qui demandent d’aller en justice, nous les accompagnons. Et il y a des séquelles, des traumatismes : à ce moment-là, nos psychologues sont présents pour les accompagner, pour les aider à se rétablir." 

Travailler en zone de conflit 

Le défi reste énorme, en raison de la complexité de la situation sécuritaire en Ituri, mais aussi des moyens limités, dont disposent les femmes de cette association, pour mener des actions sur terrain. Noella Alifwa ne perd toutefois pas sa motivation. 

Les violences sexuelles sont souvent utilisées comme arme de guerreImage : ALEXIS HUGUET/AFP

"Il y a beaucoup de difficultés, nous travaillons dans des zones en conflit, il y a l'insécurité, parfois on n'a plus assez de fonds pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles. C'est vraiment un problème très sérieux, mais je pense qu’on ne doit pas baisser le bras", assure la militante. 

La province de l'Ituri est touchée par les violences commises par des groupes armés depuis quasiment deux décennies. Cette situation concerne avant tout les femmes et les enfants. 

Face à cela, de plus en plus d’organisations se mettent donc en place pour défendre les droits des femmes, les inciter à témoigner et à ne plus se réfugier dans le silence et la honte.  

Marcus Loika Korrespondant