L'écart entre le chef de file de l'opposition, le pro-russe Viktor Ianoukovitch et Ioulia Timochenko n'a cessé de se resserrer tout au long de la nuit mais le vainqueur s'appelle bien Victor Ianoukovitch avec 48,40% contre 45,99% pour sa rivale. En votant hier à Kiev le russophone Victor Janukowitsch s’était déjà affirmé confiant de remporter la victoire:

„J’ai voté pour le changement, la stabilité et une Ukraine forte. … aujourd’hui nous avons fait le premier pas pour surmonter la crise – ce sera un pas décisif .“

Entretemps, Viktor Ianoukovitch a proclamé sa victoire et promis d'être le président de tous les Ukrainiens. Ioulia Timoschenko, elle, n’a pas encore concédé sa défaite. Hier encore elle s’était déclaré très confiante que les Ukrainiens voteraient pour son camp, pro européen:

„Je salue tous nos concitoyens pour la fête de la démocratie, au cours de laquelle tous peuvent exprimer librement leur volonté et construire un avenir heureux pour leur pays. J’ai voté pour une nouvelle Ukraine, pour une Ukraine heureuse belle et prosprère , pour un Etat européen.“

Mais peu après Ioulia Timochenko évoquait déjà des fraudes électorales massives dans le camp de son rival Victor Ianoukovitch et annonçait que les résultats –surtout dans l’est pro russe du pays- seraient contrôlés de près – si nécessaire devant la justice.

"Je ne peux que lancer un appel à tous: luttez pour chaque bulletin , chaque document électoral, chaque liste. Tout peut être décisif pour le destin de l’ Ukraine ."

Il y a cinq ans lors de la „révolution orange“, Victor Ianoukovitch déjà crédité de la victoire, s'était félicité trop tôt. Des manifestations massives contre les trucages électoraux avaient alors conduit à l'annulation du scrutin par la justice. Un "troisième tour" fut organisé, qui vit la victoire du pro-occidental Viktor Iouchtchenko, soutenu par Ioulia Timochenko. Mais aujourd’hui un grand nombre d’Ukrainiens qui avaient cru en la révolution de 2004 et à une nouvelle ère pour l’Ukraine sont déçus par les intrigues politiques entre les deux anciens héros de cette révolution orange, le président Ioutchenko et sa Première ministre Timochenko. Leur vie ne s’est pas améliorée et Victor Ianoukovitch , le pro russe qui s’affirme aujourd’hui lui aussi pro-européen, a mené sa campagne sur un message simple: la lutte contre la pauvreté, le "véritable ennemi de l'Ukraine", selon ses propres paroles. Des paroles apparemment entendues par les électeurs.

La mission d'observateurs internationale conduite par l'OSCE a déclaré que l'élection présidentielle s'est déroulée de façon "transparente et honnête".