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Violences conjugales, les femmes n'osent pas riposter

2 octobre 2020

Face aux coups de leurs maris, certaines femmes prennent des cours d'autodéfense. Mais dans la plupart des communautés africaines, il est impossible de porter la main sur son époux.

En 2017, 137 femmes en moyenne dans le monde ont été tuées chaque jour par un membre de leur propre famille.
En 2017, 137 femmes en moyenne dans le monde ont été tuées chaque jour par un membre de leur propre famille.Image : Michele Cattani/AFP/Getty Images

Coups, viols, insultes et autres formes de sévices corporels… Des milliers de femmes sont violentées chaque jour. Dans certaines sociétés, le poids des traditions et des préjugés fait que les femmes n'osent pas dénoncer les auteurs de ces violences et même à porter la main sur leurs époux. 

"Je dormais avec un petit couteau parce que j'avais peur. Je ne pensais même pas à me défendre parce qu'il était trois fois plus fort que moi", confie Minou Chrys-Tayl.

La jeune journaliste et animatrice camerounaise a été souvent battue et humiliée par son compagnon béninois qu'elle a suivi dans son pays.

Obéissance....

Selon le secrétaire général de l'ONU, dans le monde, "une femme sur trois subit encore une forme de violence au cours de sa vie. Image : DW/J. Mtanda

Malgré de nombreux coups reçus, Minou n'a jamais osé porter la main sur son amant. 

"La plupart des femmes ne savent pas se défendre parce qu'on n'a pas grandi avec le fait que l'on puisse frapper son conjoint. Ce n'est pas possible puisque dès l'enfance, on nous a plutôt éduquées à être des épouses, des femmes, des mères, mais pas à être des femmes qui se rebellent contre les violences."

La résistance traditionnelle des femmes

Des milliers de femmes gardent ainsi le silence et ne pensent pas à se défendre. En Afrique, on a longtemps enseigné à la femme à se soumettre, explique Sylvia Apata, secrétaire exécutive de l’Organisation des citoyennes pour la promotion et la défense des droits des enfants, femmes et minorités en Côte d’Ivoire. 

"Dans la société africaine et ivoirienne, plus une femme endure, plus on en fait un modèle. Une femme qui est dans la dénonciation est très mal vue. De plus en plus, les jeunes filles acceptent les cours d'autodéfense. Mais les femmes à partir de 30 ans refusent catégoriquement. Et c'est la pression sociale qui fait qu'elles refusent cela."

Attirer l'attention des politiques

Se défendre oui, mais Minou Chrys-Tayl veut aller plus loin avec le mouvement "J’ai décidé de vivre".

La jeune femme organise des campagnes sur les réseaux sociaux pour libérer la parole des victimes et attirer l'attention des décideurs.

170 pays ont promis de faire davantage pour améliorer la condition des femmes. Image : Reuters/S. Hisham

"Le numérique touche sept millions de personnes. On essaie de conscientiser la plupart des personnes. Je sensibilise, je milite, je dénonce les violences et j'affiche aussi les hommes violents. Quand ça ne va pas, on alerte. Je mets en avant les violences qui existent avec les termes qui existent. J'essaye de partager le savoir", explique Minou Chrys-Tayl.

La jeune camerounaise ajoute "qu'il faut aller au-delà même des financements, de travailler avec l'Etat pour pouvoir leur faire comprendre l'importance de mener une campagne de sensibilisation. Et puis instaurer la question du sexisme dès le primaire à l'école. Et pour ça, il faudrait une volonté politique. Parce que tout ce qui en découle, en fait, ce sont les méfaits de la violence sexiste et de la culture du viol."

Minou Chrys-Tayl, tout comme Sylvia Apata, insiste aussi sur la prise en charge psychologique des femmes victimes de violences conjugales. Un autre aspect très souvent négligé en Afrique.