Le chancelier allemand se serait bien passé de cette visite d’un allié stratégique, mais encombrant vu le contexte actuel. L’invitation d’Olaf Scholz a certes été envoyée en mai dernier après la réélection de Recep Tayyip Erdogan. Mais la réception à Berlin s’avère délicate pour le chancelier allemand.

Le dirigeant turc a démontré il y a quelques jours des divergences de vue avec les Occidentaux au sujet du Hamas.

Le Hamas serait un parti politique qui a remporté des élections en Palestine, estime Recep Tayyip Erdogan. Celui-ci passe alors sous silence que cette victoire électorale remonte à 2006 et que depuis 17 ans, le Hamas n’a plus organisé d’élections.

Divergences d’opinion au sujet du Hamas

Israël, les Etats-Unis, l’Union européenne, l’Allemagne y compris, considèrent pour leur part le Hamas comme une organisation terroriste. Olaf Scholz a qualifié ce mardi (14.11.23) d’absurdes les reproches à l’endroit d’Israël faits par le président de la Turquie.  

Michael Roth, président de la Commission des Affaires étrangères au Bundestag, le Parlement allemand, qualifie pour sa part d’antisémites les propos tenus par Erdogan. Mais le député, membre du parti d’Olaf Scholz, demande au chancelier de maintenir le dialogue.

"C’est le dirigeant d’un pays important pour l’Allemagne et l’Europe. Ce n’est en tout cas pas une visite joyeuse où il sera accueilli très chaleureusement. Il est donc bien qu’il soit là pour des échanges", a déclaré Michael Roth sur la radio allemande Deutschlandfunk.

Certains responsables politiques ont aussi exigé l'annulation de la visite.

Ricarda Lang, la codirigeante des Verts, a dénoncé les paroles odieuses du président turc à l’égard d’Israël et une relativisation de la terreur du Hamas.

La codirigeante des Verts attend donc du chancelier qu’il ait un message clair à l’endroit de Recep Tayyip Erdogan, même si elle ajoute elle aussi qu’il faut maintenir le dialogue pour défendre les intérêts et la sécurité d’Israël, dont le droit d’exister est non négociable.

Opération d’envergure pour la police berlinoise

Le président du parti d’opposition conservateur CSU, Markus Söder, attend du chancelier allemand qu’il revienne avec Erdogan sur ses propos au sujet du Hamas.

Enfin, le parti Die Linke critique cette visite. "Erdogan ne doit pas être un invité d'Etat normal pour l'Allemagne", a expliqué le chef de ce parti.

La police berlinoise se prépare déjà à une opération de grande envergure en raison de la visite du président turc.

Hasard du calendrier : l’équipe de football d’Allemagne joue contre la Turquie samedi soir en match amical. Olaf Scholz ne devrait toutefois pas assister à la rencontre en compagnie de Recep Tayyip Erdogan.

Avant ce match, les deux dirigeants devraient toutefois échanger sur d’autres thèmes, comme la relance de l'accord UE-Turquie pour l'accueil des réfugiés en Turquie.