Visite du chef de la diplomatie allemande à Ramallah
15 février 2006Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le ministre des affaires étrangères est venu au Proche-Orient à un moment où la constellation politique, entre la grave maladie d’Ariel Sharon et la victoire éclatante des islamistes palestiniens, s’est radicalement transformée. De plus, avec l’affaire des caricatures de Mahomet, la tension a rarement été aussi grande dans les territoires palestiniens. Et pourtant, poursuit la FAZ, Frank Walter Steinmeier a fait passer un message clair lors de sa rencontre avec Mahmoud Abbas : le Hamas doit renoncer aux attentats suicide et à la violence, s’il veut être pris au sérieux comme partenaire politique après la formation du gouvernement. Il est par contre difficile à dire dans quelle mesure l’occident peut y parvenir par le biais de pressions financières. Car avec l’Iran ou l’Arabie Saoudite, le Hamas disposerait d’autres bailleurs de fonds.
Frank Walter Steinmeier a bien fait de répéter la menace de l’Union Européenne et des Etats-Unis, estime la Neue Osnabrücker Zeitung : soit le Hamas abandonne la violence et son but de détruire Israël, soit il y aura des conséquences financières. Mais malgré ces fortes paroles, les Européens et les Américains sont désemparés et se trouvent face à un dilemme complexe. Faut-il isoler ou tolérer ? Après des années de prêche sur la démocratie par l’occident, les Palestiniens ont voté. Mais au lieu d’être récompensé, le peuple risque d’être puni pour s’être rendu aux urnes.
Depuis la victoire du Hamas, écrit la Frankfurter Rundschau, personne ne sait quelle direction vont prendre les choses dans le futur gouvernement de l’Autorité palestinienne. Même pour les islamistes ce n’est pas clair. Et les appels catégoriques au Hamas à renoncer à la violence et à reconnaître Israël ont beau être justifiés, ils ne peuvent pas dissimuler la perplexité générale face au processus de démocratisation au Proche-Orient, un processus que l’occident s’était imaginé bien autrement. Dans cette situation marquée par le désarroi de tous, poursuit le quotidien, le ministre des affaires étrangères ne pouvait que sonder avec précaution les options restantes. Rien de plus. Mais vu l’état des choses, il faut tout de même saluer que quelqu’un garde la tête froide dans les discussions politiques et ne bloque pas toutes les issues possibles avec des grands discours inutiles.