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Critiques au Tchad contre le report du dialogue national

Blaise Dariustone
2 mai 2022

C’est le ministre tchadien des Affaires étrangères qui a annoncé dimanche (01.05) le report du dialogue national, prévu le 10 mai, après une demande du Qatar.

Ouverture à Doha, au Qatar, des négociations à Doha entre la junte au pouvoir au Tchad et les rebelles.
Les négociations à Doha entre la junte au pouvoir au Tchad et les rebelles ont été lancées le 13 mars.Image : Abdelkérim Yacoub Koundougoumi

Selon le ministre tchadien des Affaires étrangères, Mahamat Zen Cherif, le report de ce forum fait suite à la demande du Qatar, médiateur dans le pré-dialogue entre la junte et les groupes rebelles qui piétine depuis plus d’un mois et demi à Doha. 
 

L'objectif du pré-dialogue est de permettre aux groupes rebelles et à la junte de trouver un accord pour faire la paix avant le grand dialogue de N’Djamena. Un argument qui ne convainc pas Max Kemkoye, le président de l’Union pour le développement et le progrès (UDP).


"Il n'est pas de la responsabilité du ministre des Affaires étrangères de prendre acte du report de ce dialogue dans la mesure où c'est exclusivement une question de politique intérieure malgré qu'il soit le négociateur en chef dans le pré-dialogue de Doha. Cet énième report montre tout simplement que le Conseil militaire de transition n'a pas la volonté d'organiser un bon dialogue suivant les attentes des principaux protagonistes et des Tchadiens. Aujourd'hui, le Qatar a servi d'exécution à ce maquillage", dénonce M. Kemkoye. 

 

Soupçons de prolongation de la transition 

Le gouvernement n'a pas donné de nouveau calendrier et parle d’une date ultérieure après consultation avec les institutions et les acteurs politiques. C’est un glissement vers une prolongation de la transition militaire, estime le politologue Evariste Ngarlem Toldé.


"Ça serait effectivement une situation qui nous conduirait au-delà des dix-huit mois. Ce qui n'a pas pu être fait en douze mois ce n'est pas dans les six mois qui viendront que nous pourrons le faire. On va vers une situation difficile à gérer. Prolongation sur prolongation, on arrivera donc à 36 mois. On ne sera plus dans un régime de transition mais un régime militaire comme ils disent", soutient le politologue. 

A la mort en 2021 de son père, Mahamat Idriss Déby Itno a été nommé à la tête du Conseil Militaire de Transition, composé de 15 généraux. Image : Facebook/Präsidentschaft Tschad

Mais pour Jean-Bernard Padaré, le porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti fondé par le défunt président Deby, qui soutient cette transition, il faut prendre le temps pour la conduire.  
 
"Le délai pour moi est accessoire. La principale préoccupation c'est qu'on tienne le dialogue et qu'on sorte du dialogue avec des bonnes résolutions acceptables par tous. Et qu'on aille vers la rédaction de la nouvelle Constitution et que cette Constitution soit soumise au référendum pour être adoptée. Et à partir de là on déroule le chronogramme pour les élections présidentielles et législatives. Les dix-huit mois, pour moi, ce n'est pas une religion. L'essentiel est que le travail soit bien fait", estime-t-il. 

La coalition des actions citoyennes Wakit-Tama, la principale plateforme d'opposition au Tchad, qui ne croit pas à la sincérité de la junte militaire, appelle les Tchadiens à une marche pacifique le 10 mai prochain pour dénoncer ce qu’elle qualifie de "dialogue de dupes".

 

Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais
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