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Volcan Nyiragongo: les autorités de Goma craignent le pire

Carole Assignon | Avec agences
27 mai 2021

Les autorités congolaises ont ordonné l'évacuation de la ville de Goma, menacée par une nouvelle éruption du volcan Nyiragongo.

Kongo | Vulkanausbruch Nyiragongo
Image : 2021 Maxar Technologies/REUTERS

En ordonnant l'évacuation de la ville de Goma, les autorités ont clairement mis en avant le risque d'une coulée de lave sous les eaux du lac Kivu. Dès mardi, l'Observatoire de volcanologie de Goma (OVG), référent des autorités locales sur tout ce qui touche au Nyiragongo, a émis cette hypothèse. Trois scénarios d'éruption sont évoqués.

Lire aussi: RDC : l'éruption du Nyiragongo soulève des questions de mauvaise gouvernance
      "Scénario 1: éruption du Nyiragongo sur son flanc sud, ouverture des fractures jusque dans les villes de Goma et Gisenyi (au Rwanda voisin), la lave coule à partir des fractures et détruit une partie de ces villes".
      "Scénario 2: éruption du Nyiragongo sur son flanc sud, ouverture des fractures du flanc jusqu'au lac en traversant les villes. Une quantité de lave détruit une partie des villes de Goma et Gisenyi, et atteint le lac. Comme la quantité de lave qui se déverserait dans le lac n'est pas suffisante pour augmenter la température des eaux profondes sur tout le lac d'au moins 1°C, il n'y aura pas d'éruption limnique".

      "Scénario 3: "Eruption du Nyiragongo, ouverture des fractures du flanc sud, les coulées de lave détruisent une partie des villes de Goma et Gisenyi; au même moment une éruption fissurale ou phréato-magmatique se produit sous le lac et/ou un grand séisme de magnitude 6,5 ou 7 se produit dans le lac".

Lire aussi: Ordre d'évacuation de la ville de Goma en RDC face au volcan

Les déplacés dans l'attente d'une aide des autorités.Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Des déplacés en difficulté

Par peur d'une nouvelle éruption importante de nombreux habitants avaient déjà quitté la ville pour la cité de Sake, à environ 27 kilomètres de Goma. Une fuite dans des conditions difficile. Ils vivent désormais dans des condtions très précaires, sans assistance gouvernementale ou humanitaire. 

Milambo Shadai Itwe, un enseignant, témoigne : "On a reçu les instructions du gouverneur qu'on doit quitter la ville. Je suis dans un quartier qui a été cité, Kahembe, donc je dois partir, et pour moi le Rwanda c'est plus près que Minova par exemple."

Amani Dunia Nsabimana, commercant, confirme que les autorités ont dit aux habitants de partir rapidement. "IIs ont parlé des quartiers qu'il faut évacuer. Moi, je viens de Bujovu, maintenant j'évacue pour aller à Birere pour prendre ma sœur. On va partir à Bukavu."

Anna souffre de la gale. Les démangeaisons causées par la maladie sont très intenses et l'empêchent parfois de dormir la nuit. Un quotidien encore plus difficile depuis que sa famille est partie à Saké. Car désormais la maman, Jemina Kasongo, n'a même plus assez à manger pour nourrir la petite.

"Ici nous vivons difficilement, il n'y a pas de nourriture on n'a pas d'eau. Nous peinons à trouver la nourriture, on s'était déplacés quand on avait rien comme argent, ce qui ne nous permet pas de nous acheter de quoi manger " se plaint-elle.
 
C'est le cas de plusieurs autres familles. Alors pour trouver de quoi nourrir les siens, Generose Kalala une quinquagénaire, vient de lancer une petite activité. 

"Je fais une pâte, je veux fabriquer quelques galettes, comme je le faisais à Goma. Je le fais parce que je ne veux pas mourir de faim avec mes enfants. Il n'y a aucune assistance, les parents et même les enfants passent des journées sans manger, ça ce n'est pas bien " explique t-elle. Lire aussi: L'éruption du Nyiragongo sème la panique au Rwanda

Les précisions de Zanem Nety Zaidi

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Un cri d'alarme 

Pas assez à manger... Et pas forcément de quoi  se mettre à l'abri ! Plus de 50 familles qui sont entassées dans une Eglise. Deogratias Chiza lance un cri d'alarme et demande de l'aide.

"Les autorités ne peuvent-elles pas avoir pitié de nous ? Nous constatons qu'ils semblent être insouciants de notre cas. Nous leur demandons de nous aider avec de la nourriture, des médicaments, des couvertures et de l'eau." 

Selon certains, cette situation pousserait même des jeunes filles à la prostitution.

Entre 900 et 2.500 habitations ont été détruites à Goma selon une évaluation humanitaire.