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Von der Leyen en Afrique : prise de contact au pas de course

Bernd Riegert | Konstanze Fischer
8 décembre 2019

Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission de l'Union européenne, a choisi Addis Abeba pour son tout premier déplacement après sa prise de fonction. Un voyage court avec un agenda chargé.

Ursula von der Leyen, EU-Kommissionspräsidentin (li.) und die Staatspräsidentin von Äthiopien Sahle Worke Zewde beim Empfang im Präsidentenpalast in Addis Abeba
Image : DW/B. Riegert

Bruxelles – Addis, vol de nuit. Un peu moins d'une journée dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, avec une multitude de rencontres et de réceptions. Puis retour, de nuit également, en Europe. Pas question de souffler pour la nouvelle présidente de la Commission européenne – ou de rencontrer des citoyens éthiopiens "normaux". Ursula von der Leyen espère malgré tout que ce voyage et sa visite au siège de l'Union africaine resteront dans les mémoires comme un signal fort de l'intérêt des Européens pour l'Afrique.

Poignée de main symbolique entre l'UE et l'UAImage : Reuters/T. Negeri

De son côté, son hôte, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, prédit que le partenariat entre les deux continents s'accentuera l'an prochain : "Notre partenariat avec l'Europe est multiforme et très avancé", a affirmé le président de la Commission de l'Union africaine. "Nous pensons qu'en 2020 nous allons l'approfondir encore davantage." Ses échanges avec l'ancienne ministre allemande de la Défense ont porté sur le changement climatique, l'emploi des jeunes, la sécurité et la politique migratoire.

Renforcer la coopération

Choisir l'Éthiopie pour son premier voyage hors des frontières européennes quelques jours seulement après sa prise de fonction est un signal fort. Mais le voyage reste court. Il faut dire que la toute nouvelle présidente de la Commission européenne a un programme chargé qui l'attend à Bruxelles. Elle est donc d'abord venue pour prendre la température et pour essayer de comprendre pourquoi la coopération entre l'UE et l'UA marche encore au ralenti : "Il y a des progrès, c'est certain, même si les choses n'avancent pas toujours aussi vite que nous le souhaiterions ou n'ont pas toujours la qualité que nous aimerions", admet Ursula von der Leyen. "Je souhaite savoir quels sont les projets qui fonctionnent. Quels sont ceux qui ne marchent pas. Autrement dit : séparer les vrais succès des tigres de papier."

Concurrencer la Chine

Tigres de papier – une expression qui vient de Chine, la grande rivale de l'Union européenne sur le continent africain pour ce qui est des investissements, des crédits et de la construction d'infrastructures. En ce moment même, la Chine s'implique massivement dans la construction d'un complexe hôtelier flambant neuf comportant 55 suites de luxe pour accueillir les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine.

Ursula von der Leyen sait que l'UE est en retard sur ce plan et elle souhaite rattraper Pékin. Sauf qu'en coulisse, les diplomates de l'Union africaine lui font bien comprendre que ce sont les Africains qui choisissent avec qui ils veulent travailler chez eux. En clair : le partenaire qui offre les meilleures conditions remporte la mise.

Une rue non loin du siège de l'UA : malgré la relance économique, la pauvreté reste une réalitéImage : DW/B. Riegert

Plus d'argent pour l'Éthiopie

Pour l'heure, c'est le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui remporte une enveloppe de 170 millions d'Euros. Une contribution européenne pour que l'Éthiopie puisse notamment organiser des élections équitables et transparentes l'an prochain. Abiy Ahmed, connu pour n'être pas tendre avec ses opposants politiques, est attendu mardi (10.12.19) à Oslo pour recevoir le prix Nobel de la paix. Un prix qui lui a été décerné pour sa contribution à la réconciliation entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Ursula von der Leyen le félicite d'ailleurs sur ce point mais elle n'évoquera pas – en tout cas pas publiquement – la situation politique dans son pays. 

Pour finir, la présidente de la Commission européenne est encore reçue au palais présidentiel où elle rencontre la seule cheffe d'Etat africaine du moment, Sahle-Work Zewde. Ensemble, elles évoquent les mesures à prendre pour soutenir les jeunes filles et les femmes en Afrique et les questions de genre. Sahle-Work Zewde peut se targuer de présider un pays dont le gouvernement est paritaire. Défi qu'Ursula von der Leyen n'a pas tout à fait réussi à relever avec ses commissaires. Comme quoi, l'Union européenne peut, une fois de plus, apprendre de l'Afrique.

 

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