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"Vraie guerre" au Mali

Marie-Ange Pioerron8 février 2013

Il est encore question du Mali. Les journaux se font par exemple l'écho de la volonté du gouvernement allemand de contribuer, à hauteur de 40 instructeurs, à la mission européenne de formation de l'armée malienne.

Immeuble détruit à DouentzaImage : AFP/Getty Images

L'Allemagne fournira également un hôpital de campagne, avec 5 médecins et 15 infirmiers. Mais comme l'a déclaré il y a quelques jours le ministre français de la défense, Jean-Claude Le Driant, ce qui se joue au Mali est une "vraie guerre". Et c'est précisément le titre d'un article de la Süddeutsche Zeitung qui relate dans un reportage à Sévaré ce qu'est à ses yeux la vraie guerre. L'armée française et les troupes gouvernementales maliennes, écrit le journal, tiennent avec succès les journalistes à l'écart du théâtre des combats, mais une visite dans un hôpital révèle rapidement que ce conflit touche aussi des civils innocents. Exemple Mamadou Samasekou, 18 ans, rencontré donc à l'hôpital de Sévaré. Un obus lui a arraché la main gauche. Il était un soir chez ses grands parents à Konna, quand des enfants du voisinage sont arrivés en riant , tout heureux d'avoir trouvé quelque chose qui avait la forme d'un ballon. Mamadou leur a alors arraché l'obus des mains, et c'est à ce moment qu'il a explosé. Egalement en traitememnt à l'hôpital de Sévaré: Fonta Guinda, 52 ans, originaire de Boni près de Douentza. Lors de raids aériens français des djihadistes ont pénétré de force chez elle à deux heures du matin. Elle a tenté de fuir, ils lui ont alors tiré une balle dans l'épaule droite. Mais l'entretien avec Fonta ne dure que quelques minutes, car on annonce l'arrivée de soldats. Le journaliste allemand doit vite partir. Si on le voit ici dans une chambre d'hôpital, les médecins auront des ennuis avec la hiérarchie militaire.

Soldats maliens à BamakoImage : Reuters

Des islamistes aussi à Bamako

Les barbus ne sont pas seulement dans le nord du Mali. Ils sont également présents dans le sud, lit-on dans die tageszeitung. "Nous autres Maliens, nous pratiquons un islam tolérant et pacifique", souligne Mohammed Macki Bah, le président de l'Union des jeunes imams du Mali, cité dans l'article. Il faut chasser les islamistes, non seulement du Nord-Mali mais de toute l'Afrique , ajoute-t-il en évoquant le risque de radicalisation. Et précise-t-il les Occidentaux y sont pour quelque chose. Ils sont très amis avec des pays d'où provient le salafisme, comme l'Arabie saoudite et le Qatar. Le salafisme, poursuit le journal, est étroitement lié au wahhabisme propagé par la maison royale saoudienne et exporté vers des pays pauvres en Afrique. La riche Arabie saoudite construit des mosquées, finance des écoles coraniques wahhabites et fait venir chez elle pour des études un nombre grandissant d'imams africains. Le président du Haut conseil islamique malien, Mahmoud Dicko, a lui aussi étudié en Arabie saoudite. La proximité entre la plus haute instance musulmane malienne et le fondamentalisme d'inspiration saoudienne a été un facteur important de la propagation de l'islamisme dans le pays, poursuit le journal. Mais Mahmoud Dicko se veut maintenant modéré .

Idriss Deby Itno (à dr.) et Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangèresImage : Getty Images

Une aide tchadienne pas désintéressée

Autocrate au Tchad, auxiliaire au Mali - c'est en ces termes que la Süddeutsche Zeitung présente le président tchadien Idriss Déby. 1 800 soldats tchadiens contrôlent maintenant la ville de Kidal dans le nord du Mali, écrit le journal. Pour le président français François Hollande, Idriss Déby se révèle ainsi un partenaire fiable, pour ne pas dire indispensable dans la région. Dans ce mini portrait, le journal rappelle que Idriss Déby est au pouvoir depuis plus de 30 ans, qu'il y a eu au début de sa présidence quelques signes d'ouverture démocratique mais sans plus. Les organisations de défense des droits de l'homme n'ont cessé de dénoncer la répression des opposants et la corruption, de même que la brutalité de l'armée, qui combat maintenant au Mali. Déby, note encore le journal, a eu à craindre plus d'une fois pour son pouvoir. La dernière fois en 2008, lorsque des rebelles ont failli s'emparer de son palais présidentiel à N'djamena. La France a volé à son secours, poursuit le journal, et l'engagement de Déby au Mali ne doit donc pas être tout à fait désintéressé. Si la situation pour lui devient une nouvelle fois brûlante, il attendra une contre-partie de la part des Français. Et Paris devrait difficilement pouvoir dire "non".

Isabel dos Santos, octobre 2012Image : Nélio dos Santos

Femme et milliardaire en Afrique

A lire aussi cette semaine dans le quotidien Die Welt un portrait de la première femme milliardaire en Afrique : Isabel dos Santos, la fille du président angolais José Eduardo dos Santos. Son mariage il y a neuf ans, avec le fils d'un millionnaire congolais, aura coûté la bagatelle de 3 millions d'euros, mais Isabel dos Santos se fait maintenant plus discrète et fuit les médias, car elle est en train de mettre sur pied un gigantesque empire économique en Angola et au Portugal. Sous la gouvernance de la famille Dos Santos, poursuit le journal, l'Angola confirme à l'envi que le boom économique ne se traduit pas forcément par une amélioration des conditions de vie de la population. Grâce aux exportations de pétrole et aux milliards de crédits chinois, le pays a connu une croissance de 17% entre 2004 et 2008. Mais la majorité des 21 millions d'Angolais vit avec moins de deux dollars par jour.