Washington doit encore convaincre sur la Syrie
8 septembre 2013Interview diffusée sur les grandes chaînes de télévision, entretiens avec des membres du Parlement, discours à la nation... le président américain Barack Obama met désormais tout en œuvre pour convaincre les Américains et le Congrès du bien-fondé d'une intervention militaire en Syrie. Selon les médias américains, le soutien du Parlement aux projets de la Maison Blanche est loin d'être acquis, en particulier, à la Chambre des représentants. Des réticences qui reflètent celles des Américains. Selon une enquête de l'Institut Gallup publiée vendredi, 51% des Américains sont opposés à des frappes en Syrie. Une proportion plus importante qu'avant le déclenchement des guerres du Golfe (1991), du Kosovo (1999), d'Afghanistan (2001) et d'Irak (2003).
John Kerry en tournée européenne
A l'extérieur, c'est le secrétaire d'Etat John Kerry qui est chargé de convaincre de potentiels alliés. Il est notamment passé à Vilnius, la capitale de la Lituanie, où les ministres européens des Affaires étrangères étaient réunis samedi pour coordonner leur position sur le dossier syrien. Si ces derniers sont tombés d'accord sur la nécessité d'une réponse "forte", ils ne sont pas allés jusqu'à approuver le projet de frappes défendu par les Etats-Unis. Une position qui pourrait évoluer selon les conclusions de l'Onu concernant les accusations d'utilisation d'armes chimiques. Des conclusions attendues prochainement.
Après la Lituanie, John Kerry s'est rendu en France, un des rares soutiens sur qui les Etats-Unis semblent pouvoir compter. Aux côtés de son homologue français, Laurent Fabius, il a en tout cas affiché sa détermination pour sanctionner militairement le régime syrien. « Les Etats-Unis le savent, a-t-il déclaré, nos partenaires français le savent :nous ne pouvons rester indifférents à ce massacre. Nous avons le devoir d'agir. Ne rien faire serait bien plus risqué. Nous ne pouvons pas laisser un dictateur se servir impunément des armes les plus effroyables. C'est le moment de lancer une réponse ciblée et limitée. Une réponse qui soit claire et efficace. Une réponse qui fasse comprendre aux dictateurs comme Bachar al-Assad qu'ils sont responsables des atrocités qu'ils commettent. ». La tournée européenne du secrétaire de l'Etat se termine à Londres où le gouvernement a dû renoncer à s'associer à une intervention militaire en Syrie après un véto du parlement.
L'Allemagne toujours hésitante
En Allemagne, comme dans d'autres pays européens, l'opposition à toute action militaire est forte. Berlin s'est jointe cependant avec 24 heures de retard sur les autres puissances européennes à un appel lancé lors du G20 de Saint-Pétersbourg en faveur d'une réaction internationale forte à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Pour la chancelière allemande qui est en pleine campagne électorale, l'unanimité européenne sur le dossier est d'une "importance inestimable". La semaine dernière, Angela Merkel avait clairement dit que l'Allemagne ne participerait pas à une action militaire contre Damas mais qu'elle ferait tout ce qui est possible pour avoir une réponse unifiée de la communauté internationale.