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Zuma, la fin d'un système

16 février 2018

Deux sujets à la une de cette Afropresse: le scandale d'abus sexuels qui ébranle l'ONG OXFAM et la chute de Jacob Zuma en Afrique du Sud.

Les manifestations n'auront pas été vaines, l'Afrique du Sud tourne la page Zuma
Les manifestations n'auront pas été vaines, l'Afrique du Sud tourne la page ZumaImage : Reuters/M. Hutchings

Le journal suisse de langue allemande Neue Zürcher Zeitung salue "la fin d'un populiste". La plus grande prouesse de Jacob Zuma a été de se maintenir au pouvoir pendant près de neuf ans malgré les innombrables scandales de corruption, une économie stagnante, une cote de popularité descendue en-dessous de 20% vers la fin ou encore un appareil d'Etat miné par des réseaux corrompus. On peut difficilement faire pire bilan, note le journal.

Cette fois, les talents oratoires de Jacob Zuma n'ont pas suffi à le maintenir à la tête du pouvoirImage : Reuters/J. Oatway

Entre ce que les politiciens disent et ce qu'ils font, il y a souvent un fossé. Chez Jacob Zuma, c'était un abysse. Dans ses discours, il se présentait en ancien combattant de l'apartheid, ayant grandi dans des conditions modestes et représentant l'homme du peuple. En réalité, sa politique a été menée presque exclusivement dans son intérêt personnel.

En 2009, il promettait de mettre la lutte contre la pauvreté au cœur de sa politique. Neuf ans plus tard, constate la Neue Zürcher Zeitung, le nombre de Sud-Africains pauvres a augmenté de quatre millions et plus de la moitié de la population entre dans cette catégorie.

Cyril Ramaphosa le sauveur ?

La longue suite des promesses non tenues a laissé des traces. Les Sud-Africains ont perdu confiance en la politique. Et cela constitue un danger pour la stabilité de la démocratie si difficilement conquise. Autant dire que les défis sont énormes pour le successeur de Zuma, Cyril Ramaphosa.

Le nouveau président sud-africain Cyril Ramaphosa a prêté serment jeudi 15 février et promis de combattre la corruptionImage : Reuters/M. Hutchings

C'est au nouveau président, élu jeudi par le Parlement, que s'intéresse justement l'hebdomadaire Die Zeit, avec un titre court et interrogatif: "Incorruptible?". Cela faisait longtemps, écrit le journal, que Cyril Ramaphosa attendait son moment. Il était vice-président depuis 2014, un vrai numéro d'équilibriste car il a servi pendant toutes ces années sous un président corrompu.

Cyril Ramaphosa a donc dû veiller à ne pas se brouiller avec le président pour ne pas risquer sa carrière, tout en évitant d'être éclaboussé par les scandales liés à Jacob Zuma.

Mais Ramaphosa est l'un des hommes les plus riches d'Afrique du Sud. Et c'est sur lui que reposent de grands espoirs, tant les Sud-Africains ont besoin d'un sauveur. Pourra-t-il répondre à leurs attentes, se demande Die Zeit ? Ou autrement dit, un homme aussi riche peut-il combattre la corruption et garantir davantage de justice sociale?

La Süddeutsche Zeitung s'interroge elle aussi sur la personnalité du nouveau président sud-africain. Jeudi, Cyril Ramaphosa s'est levé à six heures pour faire un peu de jogging sur la promenade du Cap, avant de se faire prendre en photo avec quelques fans. Un des rares épisodes connus de la vie du nouveau président de l'Afrique du Sud.

Le système Zuma et l'ANC

De son prédécesseur Jacob Zuma, on savait à peu près tout, les plus doués connaissant même le prénom de ses 22 enfants. Mais Cyril Ramaphosa entretient le mystère autour de sa vie privée.

Les militants de l'ANC ont soutenu Ramaphosa, mais combien de temps les dirigeants du parti resteront-ils derrière lui?Image : Reuters/R. Ward

Il prend les rênes de l'Afrique du Sud à un moment difficile: la corruption de Zuma a laissé un pays en faillite morale et financière. Beaucoup de Sud-Africains se demandent si l'ANC a encore lieu d'exister. Ou si le pays doit être libéré du mouvement de libération.

Ramaphosa est sans doute le mieux placé pour offrir un renouveau au parti. Il est intelligent, charmant, et jusqu'à maintenant exempté de tout lien avec la corruption. Mais il n'a pas beaucoup d'amis en politique. Et ce n'est pas comme si la lutte contre la corruption était la priorité de l'ANC. On peut donc s'attendre, selon la Süddeutsche, à ce que la résistance soit à la hauteur des efforts engagés.

OXFAM dans la tourmente

La vie en Haïti n'a rien d'une idylle dans les Caraïbes, écrit le Handelsblatt. Le pays compte parmi les plus pauvres du monde et sur place, des organisations humanitaires viennent en aide aux populations. Mais certains membres de ces ONG profitent de façon éhontée de la situation !

Le scandale qui ébranle OXFAM entraîne une crise de confiance dans le travail humanitaire auprès des populations vulnérablesImage : picture-alliance/dpa/Oxfam/F. Afonso

Alors certes, OXFAM a promis de faire toute la lumière sur des orgies organisées par un de ses employés mais le scandale pourrait avoir de profondes répercussions. L'ONG est en effet accusée d'avoir tenté d'étouffer l'affaire. Le gouvernement britannique, mais aussi la Commission européenne ont menacé de couper leurs subventions…

Les organisations humanitaires vivent de la confiance qu'elles inspirent, souligne quant à elle la Südwestpresse. Sans cette confiance, on ne peut pas travailler efficacement dans les pays où l'aide est nécessaire. Sans cette confiance, on devient vite perdant sur le marché des dons.

La Märkische Oderzeitung renchérit: ce n'est pas professionnel de se comporter comme des colonisateurs, c'est criminel d'abuser de l'argent et du pouvoir que l'on a. Et c'est porter préjudice à toutes les organisations humanitaires que de maquiller la vérité, même si cela n'arrive que de temps en temps.

OXFAM a présenté vendredi un "plan d'action" pour prévenir de nouveaux abus. Parallèlement, d'autres ONG humanitaires ont révélé avoir été elles aussi confrontées à des abus sexuels de certains de leurs employés en mission, dont l'organisation Médecins sans Frontières.